Je suis un soldat

De Laurent Larivière (Fr-Be, 1h37) avec Louise Bourgoin, Jean-Hugues Anglade, Anne Benoît…


Depuis son interprétation de mère supérieure âpre dans La Religieuse de Guillaume Nicloux, Louise Bourgoin se serait-elle transfigurée ? Sans doute est-elle aujourd'hui plus mûre pour des rôles et un jeu plus consistants, tel celui qu'elle campe dans Je suis un soldat. Victime de la crise, cette trentenaire redevient petite fille en étant hébergée par sa mère et devant travailler dans le chenil de son trafiquant d'oncle — Anglade, surprenant d'ambiguïté malfaisante et de dangerosité. Mais on assiste à son émancipation progressive ; comme si son individualité, en veilleuse, reprenait le flambeau.

Cette reconstruction, Laurent Larivière la filme avec une grande justesse, dans un cadre socialement ravagé : la région de Roubaix. Ajoutons que Laurent Capelutto refait, après Je suis à vous tout de suite, une apparition nu comme un ver (rares sont les acteurs à avoir ce courage et cette constance), et que le final est beau comme du Marcel Duchamp.


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