Folie douce


Elle est déjà là. Assise comme elle le fut pour Jorge Lavelli en 1984, Femme assise juste, pièce mythique signée Copi, à l'instar de cette Journée d'une rêveuse. 31 ans plus tard, Marilu Marini est toujours là. Elle ronfle exagérément. Puis irradie immédiatement. Parce qu'elle n'a peur de rien et possède le talent immense de savoir jouer tout, passant de la joie à l'étonnement ou la colère en quelques secondes. Elle est d'une hystérie parfaite. Et c'est peu dire que Copi a écrit pour faire naître l'extravagance sur un plateau.

Elle qui partage avec lui la nationalité argentine, avait été sollicité par le festival italien de Spoleto pour lui rendre hommage. Elle a alors fait appel à Pierre Maillet, comédien notamment de Marcial di Fonzo Bo et Élise Vignier – qui ont d'ailleurs décidé, avec leur compagnie des Lucioles,  de monter tout Copi.

Peu jouée, cette Journée d'une rêveuse est mêlée à l'inédit Rio de la Plata, texte très personnel où l'auteur retrace sa vie en France, son boulot de dessinateur au Nouvel Obs et surtout l'Amérique du Sud, en particulier le régime peroniste que son père a combattu, et l'homosexualité, omniprésente. Accompagnée au piano par un musicien qui sort à l'occasion très délicatement de son rôle, Marilu Marini est seule sur scène, mais ils sont "plusieurs dans sa tête". Par son incroyable capacité à les invectiver alors qu'ils ne sont pas figurés autrement que par des voix enregistrées (de Michel Fau, de Michael Lonsdale), elle leur confère à tous une vraie personnalité. «Je préfère les dessins aux bombes» dit-elle en citant Copi,  en un raccourci vertigineux de cette année 2015.

La Journée d'une rêveuse
Aux Célestins jusqu'au samedi 28 novembre


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