Effet bœuf


C'est une bourde lexicale qui n'a l'air de rien, mais qui en dit long sur le désintérêt de nos élites territoriales pour la culture modérément marchande : lors de la conférence de presse de la Fête des Lumières, elles ont présenté Jarring Effects (dont des affiliés devaient mettre en musique la nouvelle création du Theoriz Crew aux Brotteaux) comme un «groupe lyonnais très connu»... alors qu'il s'agit d'une maison de disques indé, en passe de fêter son vingtième anniversaire.

L'occasion de dénoncer une autre méprise, consistant à la réduire à une anti-chambre de l'électro-dub made in France (High Tone, Ez3kiel, Brain Damage...), alors que son activisme lui a par la suite attirée les faveurs des amateurs éclairés de bass music au sens large (du dubstep primordial de Scorn à l'electronica à large spectre d'Aucan), mais aussi de hip-hop (toxique chez Oddateee, cinéphile chez Al'Tarba) et de noise (en compilant Hint et en révélant Picore).

Partisan du métissage, fut-il géographique ou textural, JFX est aussi à l'initiative de collaborations intercontinentales d'une enthousiasmante cohérence. Il y eut d'abord Cape Town Effects, qui actait l'émergence d'une street culture sud-africaine, puis D.Lights, qui mettait en lumière la résilience créative de Detroit. Pour son French Kiss, le label programme un projet apparenté : Midnight Ravers, ou les noces, aussi extatiques qu'émouvantes, des mélodies maliennes et des pulsations occidentales – précédées, cerise sur le gâteau, d'un concert du MC new-yorkais M. Sayyd, qui ouvrit au rap de nouveaux horizons expérimentaux à la tête d'Antipop Consortium.

Le French Kiss de Jarring Effects – Midnight Ravers + M. Sayyid + Maga Bo
Au Transbordeur mercredi 9 décembre à 20h30


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Le beau changement de cap de Betrand Belin