Claire Galopin au pied du mur


Seule en scène, Claire Galopin, également auteur de cette Orée du bois,  a la voix de celle qui semble évaporée dans ses rêves. Et le doux physique d'une grande sœur qui viendrait nous chuchoter à l'oreille ses pensées du soir. Sauf que cette histoire-là n'est pas de celles qu'on raconte aux enfants, car il y est question de sexualité, et même d'amours féminines – sans qu'aucun mot cru ne soit prononcé.

Que voit-elle vraiment quand elle observe ses voisins ? On ne le sait pas tout à fait. À chacun de subodorer ce qu'il veut, mais il plane comme une odeur de soufre. Peut-être même y'a-t-il inceste sous ses yeux. Mais il est surtout question de désir, et plus encore d'éveil des sens. Car cette fille qu'elle incarne est bridée par une mère marâtre, qui n'hésite pas à l'envoyer en pension – matérialisée judicieusement par le mur de pierre qui court en fond de scène du théâtre, le long duquel elle traîne comme devant un mur de lamentations.

La mise en scène, simple, n'alourdit jamais le propos, même s'il se perd parfois (difficile de toujours savoir quel personnage s'exprime) et que l'usage du magnétophone, bien que dramaturgiquement pertinent, s'avère trop répétitif. Mais ces quelques griefs ne suffisent à entamer ce travail sur le fil dans lequel cette diplômée de l'ENSATT a concentré des morceaux de contes et puisé dans L'Effrontée : si son personnage est ici moins énergique que chez Miller, il n'en demeure pas moins frondeur dans l'âme.

L'Orée du bois
Aux Clochards Célestes jusqu'au mercredi 23 décembre


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Réveillon 2015 : du côté du café-théâtre