En bas de l'affiche


À la mairie de Lyon, le service en charge des questions de voisinage nocturne est celui de la "tranquillité publique". Une dénomination qui en dit long sur l'identité de la ville, cette grande bourgeoise aux encanaillements réglementés – souvenez-vous de l'accueil qu'elle réserva aux musiques électroniques avant qu'elles ne soient cadrées par Nuits Sonores. Et, par extension, sur les relations conflictuelles qu'elle entretient avec ses administrés les plus débrouillards : ceux qui, au mépris de leur capital sommeil et de leur capital tout court, tiennent la culture en assez haute estime pour pallier d'eux-mêmes le manque de diversité et de renouvellement qu'organisent les circuits de diffusion marchands.

La bibliothèque municipale les pacifie le temps d'une exposition d'affiches (de concerts, principalement) qui, non contente de présenter les travaux d'illustrateurs œuvrant tout au long de l'année au réenchantement graphique des rues, formule sous couvert de vulgarisation un véritable hommage à cette scène dite Do It Yourself.

De l'ouverture de Grrrnd Zero (pour faire jouer le duo blast-noise Lightning Bolt) aux quatre années de procès qui opposèrent la municipalité à l'association Barbe à Pop (et les contempteurs de «l'affichage sauvage» aux partisans de «l'affichage libre»), c'est ainsi tout un pan de l'histoire musicale locale que racontent les visions druilletesques de Géraud Piguel, les délirants «humanimaux» de Ju de Bug ou les collages typographiques de Félicité Landrivon. Et en ces temps de désintérêt pour les choses de l'esprit, c'est assez revigorant.

Contre les murs : 150 affiches d'auteurs
À la BM de la Part-Dieu jusqu'au 6 février


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Au TNP, un Pinocchio en chair et en os