Rentrée expo 2016 : de l'invisible au visible

Après une bonne Biennale, la saison se poursuit au gré d'un courant fluide qui nous conduira de projets singuliers en expositions monographiques consacrées à Yoko Ono, Paul-Armand-Gette, Anne & Patrick Poirier ou encore à... nous-mêmes !


Dans son livre L'Art à l'état gazeux, le philosophe Yves Michaud soulignait la dématérialisation et l'aspect diffus des œuvres d'art contemporain. Si l'on retrouvera bien à l'IAC les brouillards colorés d'Ann Veronica Janssens (dans le cadre de l'exposition Collections privées du 11 mars au 8 mai), la saison sera plutôt marquée par l'état fluide ou liquide de la création artistique.

Collectif de quarante-trois photographes, France Territoire Liquide propose ainsi des perspectives inédites sur le territoire français, brouillant les frontières entre art, documentaire et fiction. Une vingtaine d'entre eux exposeront à Lyon à partir du 12 mai dans différents lieux (Archipel, Regard Sud, Réverbère...). Pour atteindre ledit territoire, d'autres individus ont eux traversé mers et frontières, rêvant d'un "autre monde". Du 4 février au 29 mai, le CHRD consacrera une vaste exposition collective aux migrants et à leurs représentations dans l'art contemporain. On y (re)découvrira des œuvres de Kim Sooja, Barthélémy Toguo, Bruno Serralongue (exposé aussi au Bleu du Ciel cette année), Karim Kal...

Féru de mythologie et de sciences, le plasticien lyonnais Paul-Armand Gette s'intéresse quant à lui beaucoup aux fluides émanant du mont de Vénus dans ses célèbres photographies de pubis féminins. Une double exposition (au Centre d'Arts Plastiques de Saint-Fons et à la galerie Domi Nostrae à partir de mars) tentera de nous projeter au-delà des clichés érotiques qui lui collent à la peau.

Têtes d'affiche

2016 sera rythmée aussi par plusieurs grandes expositions très attendues. Yoko Ono occupera les 3 000 m² du MAC (du 9 mars au 10 juillet) pour sa première rétrospective française. Une rétrospective paradoxale tant cette artiste s'est fait connaître par des œuvres conceptuelles ou dématérialisées, échappant au cadre du musée, dans la mouvance du courant Fluxus : des performances ou des "instructions" écrites invitant le public à réaliser des gestes, danses ou actions éphémères... Le MAC s'appuiera donc sur de nombreux documents d'archives et, aussi, sur un pan méconnu de l'œuvre de l'ex compagne de John Lennon : l'installation et les environnements architecturaux.

À la même période printanière, le Musée des Beaux-Arts se proposera (du 26 mars au 26 juin) de revenir sur l'un des grands thèmes de l'histoire de l'art,  l'autoportrait, le temps d'une exposition réunissant 130 œuvres du XVIIe siècle à aujourd'hui, signées Rembrandt, Courbet, Foujita, Matisse, Kirchner, Mapplethorpe, Warhol...

Enfin, chez nos voisins de Saint-Étienne, au MAMC, Jacques Villeglé présentera un projet inédit du 23 février au 26 mai. Avec Raymond Hains, l'artiste est connu pour ses prélèvements d'affiches lacérées sur les murs de Paris, mais a évolué depuis vers un travail de composition orienté vers la typographie, les symboles et divers autres signes graphiques. Il sera suivi, à partir du 2 juillet, d'Anne et Patrick Poirier (deux artistes très connus dans les années 1980,  mais un peu oubliés) qui déploieront les multiples dimensions (sculpture, architecture, images) d'une œuvre interrogeant l'histoire, la mémoire collective et l'idée d'utopie.


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