Chassol trésor


Christophe Chassol, pianiste de formation, a fait seize ans de conservatoire classique, mais passe son temps à cheminer en dehors des sentiers battus. C'est-à-dire tout autant sur la bande d'arrêt d'urgence du classicisme que sur les routes du bout du monde, d'où il ramène en fait sa musique... nourrie d'images.

Car Chassol est un compositeur de musiques de films (il vient d'ailleurs de signer celle du long métrage éthiopien Lamb), sauf qu'à l'exception précitée, il les réalise lui-même, dans le seul but d'en tirer ce qu'on appelle dans le jargon un score  et même dans son cas des ultrascores. Il y a là une démarche proche de la créolisation chère au penseur Edouard Glissant : celle du mixage, du grand mélange ; Chassol créolise les sens et la matière qu'ils captent.

Comme il l'avait fait avec La Nouvelle Orléans ou l'Inde, accouchant alors des albums Nola Chérie et Indiamore, il s'est plus récemment rendu sur ses terres d'origine, la Martinique, pour tourner Big Sun et en faire son propre bouillon de culture musical, "harmoniser le réel".

Le concept est fort et le concert visuel annoncé ici à Charlie Chaplin, alléchant, mais il ne vaut pas manuel d'écoute, on peut s'en passer. Car Chassol est un musicien prodigieux (jazz, classique, world, électro, musique concrète, en fait inclassable) dont le travail peut paraître aussi opaque – mais uniquement parce qu'on n'en voit pas les coutures – que limpide – parce qu'il aspire, sans se départir de complexité et en traçant sa drôle de route, à une forme d'universalité sensible, délivrée mais jamais offerte.

Chassol
Au Centre Culturel Charlie Chaplin samedi 16 janvier


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