À l'IAC, le désir en berne


Aux courts-circuits sans intermédiaires de la jouissance esthétique, il est convenu aujourd'hui de préférer les longs chemins escarpés et tortueux du désir (ce qui différencie par ailleurs l'érotisme de la pornographie). À cela, nous n'avons rien à objecter, si l'on sous-entend que ce désir artistique a quelque consistance, quelque intensité ou nouveauté.

Magali Meunier, commissaire de la nouvelle exposition de l'Institut d'Art Contemporain, précise qu'elle a eu deux choses en tête pour la conception de son événement : les efforts toujours recommencés de Sisyphe derrière son rocher, et une ritournelle littéraire, Demain dans la bataille pense à moi, utilisée par l'écrivain Javier Marias dans son roman éponyme. C'est donc à l'effort, au processus de création, à l'éternel retour du faire, au désir plus qu'au plaisir, qu'elle s'intéresse à travers les œuvres d'une dizaine d'artistes contemporains.

Certaines ont les couleurs sympathiques d'un érotisme pompier, comme cette vidéo mettant en scène trois soldats du feu et un homme luttant contre le jet abondant et violent de leur lance. D'autres (la plupart) sont beaucoup plus décharnées, comme ces installations squelettiques et quasi identiques de Vanessa Billy montrant trois étapes de travail, ou ces amas de rebuts et de poussière agglomérés par Peter Buggenhout présentés de trois manières différentes... La pulsion de mort, la compulsion de répétition semblent, chez ces artistes, avoir pris le pas sur l'érotisme de l'essai ou de la tension entre deux états. Dommage.

Demain dans la bataille pense à moi
À l'Institut d'Art Contemporain à Villeurbanne ​jusqu'au 14 février


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