Ados en ébullition


Pour incarner la fin de l'enfance, mieux vaut faire preuve d'une certaine fureur. Et Hugo Roux en a à revendre. Ce très jeune metteur en scène (19 ans !), actuellement élève à l'ENSATT, a réuni neuf comédiens de sa génération pour incarner ce texte d'un avant-gardisme absolu, L'Éveil du printemps.

Le XIXe siècle n'était pas encore fini que Frank Wedekind livrait cette histoire d'ados découvrant le désir, se heurtant à un modèle social régi par la religion, les interdits et la culpabilité au point que certains en mourront.

Aussi tragique soit-elle, cette pièce ne manque pas de vitalité. Après un premier quart d'heure trop scolaire, la troupe passe aisément d'un rôle à l'autre, des parents à leur progéniture, sans perdre en crédibilité - malgré un âge peu compatible avec certains personnages. Une fois les enjeux posés, les membres de la compagnie Demain dès l'aube jouent au mieux du décor particulièrement bien pensé avec une petite économie de moyens : de la terre à la fois nourricière et projectile, des tréteaux protecteurs des premières amours cachées et estrade des censeurs.

En rythme, dans des scènes courtes ponctuées de fondus au noir, les émois, la dictature de la réussite s'entrechoquent chez ces gosses qui se battent pour déconstruire leur stricte éducation. Il y a dans la mise en scène de cette pièce infiniment juvénile, un souffle sincère et une recherche dramaturgique prometteuse. NP

L'Éveil du printemps
Aux Clochards Célestes jusqu'au samedi 23 janvier


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