Entre les murs

Après le succès de l'exceptionnel "Rats", l'expérience de la vie sur la route aurait marqué Balthazar au point qu'il en accouche de l'album "Thin Walls", récit plus ou moins circonstancié de la dite tournée que le groupe présente désormais... en tournée. Stéphane Duchêne


« Le mur de Planck est la frontière entre le monde physique et le monde mathématique pur. Cette frontière est la limite du temps entre l'avant et l'après Big Bang. Cette membrane, enfermée dans le cône d'espace-temps, contient tout l'univers et pourtant, elle a une taille encore plus petite que celle d'un atome. Dans ce mur, les mesures n'existent plus, tout est en évolution constante. » nous dit Jean-Christophe Wikipédia.

C'est peu ou prou cette "sensation" que semble avoir ressenti le groupe belge Balthazar lors de la tournée qui a suivi la sortie de l'album Rats, le disque de l'avant et de l'après Big Bang pour eux, dont ils ont tiré Thin Walls, en référence à ces murs épais comme du papier à cigarettes figurant le manque d'intimité de la vie en tournée, ce mouvement perpétuel, ce monde parallèle rétréci.

Oh, la vie en tournée, c'est une tarte à la crème de la vie du rock. Combien de groupes y ont vécu une apocalypse, y ont laissé des plumes, où s'y sont régénérés (« à la fin, je ne supportais plus ces types, on a dû virer John (le bassiste) parce qu'il puait trop des pieds » et « j'ai écrit cet album entièrement sur la route, ça a été une expérience incroyable » sont des phrases à replacer dans nombre d'interviews).

Emmuré vivant

Dans le cas de Balthazar, roi des groupes belges, il s'agirait plutôt d'une épiphanie. Une révélation de velours face aux bouleversements qu'engendrent la vie loin de chez soi, le déracinement, la promiscuité, les excès, les femmes (celles qu'on croise et celles qui sont restées) qui figure un peu l'expérience des limites dans tous les sens du terme.

C'est cette expérience mais aussi celle des frustrations paradoxales d'un moment qui nourrit pourtant l'exaltation (quoi de plus excitant qu'une tournée pour un groupe ?), cette sensation d'être emmuré vivant, qui a poussé le groupe à élargir son horizon musical, très claustrophobe sur Rats, en confiant les clés du camion au producteur Ben Hillier (Blur, Depeche Mode) et en laissant entrer plus de lumière et d'intimité.

Mais au fond, de Rats, cet album impeccable et parfois surprenant (le titre Wait any longer est un peu leur Bittersweet symphony) pourrait être le successeur plus terre à terre. De fait seul un mur de Planck semble les séparer, qui contient tout l'univers fascinant de Balthazar, même quand il perd un peu de son mystère. SD

Balthazar
À L'Epicerie Moderne lundi 25 janvier


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