Le réveil de l'ambient


Sound designer rare et discret, Yves de Mey nous ramène vers les belles heures de l'electronica de la seconde moitié des années 90, lorsque Sub Rosa et Mille Plateaux étaient les labels à suivre absolument et que Black Sifichi mêlait King Tubby et Scorn dans ses émissions de radio. Si le genre s'est évanouit par trop d'inconstance, ce producteur belge basé à Anvers, programmé par le Périscope dans le cadre de sa soirée Less is Techno lui redonne une ardeur nouvelle : de l'ambient post-industriel jusqu'à l'electronica la plus éthérée, les influences se mêlent et se croisent en deux même points de fusion : le dark, et l'imaginaire. 

C'est une musique faite pour les catacombes et les souterrains, pour les méandres et l'écho des cavernes, construite de notes hésitantes qui grandissent au fil de la partition, prennent soudain tout l'espace avant de se fondre dans un environnement sonore brumeux où l'ambiance et l'atmosphère comptent bien plus que la mélodie ou l'éventuel beat - lequel est quasi absent. 

Evidemment, Yves De Mey compose pour des chorégraphes, troupes de théâtre ou des cinéastes, ce qui semble l'écosystème naturel de son univers, mais on l'a vu aussi délivrer un DJ set fou d'invention et de risques lors du dernier Weather Festival, devant… 50 personnes à tout casser. Son bien nommé album Frisson, sorti en 2013, est un must. Musique exigeante et aventureuse, quête sonore souvent associée à un autre mode d'expression, le concert de Yves de Mey sera aussi l'occasion de vérifier que son oeuvre se suffit à elle-même, sans film, sans pièce, sans ballet. Pour ce qu'elle est : une musique prenant son temps, pleinement dans son époque. SB

Yves de Mey + Ambre + Feudo
Au Périscope jeudi 21 janvier


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