The Real Faik

Rangé de Fake Oddity, l'un des groupes phares de la scène rock lyonnaise, Faik a pris son temps pour revenir en solo avec "Sharr Moutains", un bel EP folk pop en forme de retour aux sources musical et intime.


Faik Şardağ faisait encore, il y a peu, les grandes heures de Fake Oddity : un groupe dont on vous a régulièrement conté les aventures – à commencer par celles de son précité chanteur au parcours singulier : dix ans d'existence, trois albums, près de 300 concerts dont une tournée inoubliable en Turquie, son pays natal.

Le groupe séparé d'un commun accord, Faik s'est retrouvé face à lui-même et a pour ainsi dire tout repris à zéro : écumé les bars à coups de reprises ou de compositions à peu près tous les soirs que Dieu lui a fourni – ce qu'il fait toujours –, opéré quelques pèlerinages musicaux et personnels sur les terres où ont poussées ses racines – Europe centrale, Balkans, Turquie – et même fait une apparition lors d'une précédente édition d'un célèbre télé-crochet national.

Faik, not Fake

Surtout Faik a composé quelques chansons nourries de toutes ces expériences et de celles qui les ont précédées, donnant naissance à l'EP Sharr Mountains, du nom de cette chaîne montagneuse quasi infranchissable du Kosovo dont est originaire son père (ainsi que son patronyme, Şardağ, le nom local de ce massif).
Loin des rodomontades de matador rock qui faisaient l'identité fonceuse et habitée de son ancien groupe, Faik n'est plus Fake – une homophonie que le chanteur a toujours déclaré involontaire. Il est Faik, juste Faik.

On pourrait dire qu'il s'avance dans le plus simple appareil s'il n'avait agrémenté ses balades folk (Stand Up Little Ant, Saying bye was a Mistake, qu'accompagne un clip magnifique de Thomas Blanchard) d'arrangements aussi riches que délicats : country,  gospel et soul sur Nothing Left To Hide, cuivrés sur It Can't be the End.

On peut le dire quand même, tant sa voix – souvent comparée à celle d'un Jeff Buckley mais qui, de fait, est unique – charrie la sincérité et la mise à nue permanente d'une personnalité sans masque, sensible et chaleureuse, portant son lumineux et éternel sourire comme la fêlure de Fitzgerald.

Une voix capable d'exprimer sans effort et sans fard au gré des octaves tout le spectre parfois paradoxal des sentiments humains : comme se sentir chanceux d'être là où l'on est sans s'interdire d'avoir le mal du pays, ou enjamber les obstacles sans omettre de regarder en arrière de temps à autre avec une belle lucidité. SD

Faik
Au Club Transbo mercredi 10 février
Sharr Mountains EP (Mediatone)


<< article précédent
L'errance en compagnie de Bach