DiCaprio et l'Oscar : Attrape-moi si tu peux !


« Caramba, encore raté ! » C'est une phrase de ce goût que Iñárritu lâchera si, par malheur,  Leonardo DiCaprio quittait bredouille le Dolby Théâtre à l'issue de la 88e cérémonie des Oscars. Régulièrement nommé depuis vingt-deux ans,  le comédien semble frappé par une malédiction semblable à celle de Peter O'Toole et Kirk Douglas, jamais récipiendaires de la fameuse statuette malgré de multiples citations — obligeant l'Académie, embarrassée, à leur décerner un trophée d'honneur.

Pour Leo, la série noire commence en 1994 par un second rôle dans Gilbert Grape : trop tendre du haut de ses 19 printemps, il ne fait pas le poids face au buriné Tommy Lee Jones qui emporte la mise avec Le Fugitif. Ignoré par la profession l'année de Titanic (à contrario de Kate Winslet, qui était en compétition), il revient en lice en 2005 porté par les ailes de l'Aviator de Scorsese ; mais les votants n'ont d'yeux cette année-là que pour Jamie Foxx dans Ray.
Transformé en aventurier africain pour Blood Diamond en 2007, il est surclassé par Forest Whitaker qui avait eu la même idée en campant Idi Amin Dada dans Le Dernier Roi d'Écosse. Après un septennat de disette, DiCaprio resurgit doublement en 2014 en concourant dans les catégories “meilleur acteur” et “meilleur film” (il en est coproducteur) avec Le Loup de Wall Street de l'oncle Scorsese. Pour une déconvenue plus amère encore : son partenaire Matthew McConaughey ravit la récompense pour Dallas Buyers Club et Brad Pitt empoche celle du meilleur film pour Twelve Years a Slave.

Se présenter cette année en tant que lauréat du Golden Globe ne fait pas, hélas pour lui, de DiCaprio un favori : il était déjà détenteur de la récompense pour Aviator et Le Loup de Wall Street. Son ancienneté dans la course ne lui est d'aucun secours : les Oscars adorent encenser des quasi inconnus. La prime au sortant est toujours possible : à ce titre, Eddie Redmayne reste un concurrent dangereux avec l'abominable The Danish Girl… Malgré cela, les votants portant leur voix de manière systématique et grégaire sur les biopics tragiques (célébrités malades, handicapées, victimes, etc.), ils ont avec l'histoire de Hugh Glass un film correspondant en tout point à leurs critères. Réponse le 28 février. VR


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