Foals, la bête qui (dé)monte


Après leur flamboyant Holy Fire (2013), les matheux dansant de Foals, poulains mués en veaux d'or du rock anglais, étaient susceptibles de perdre ce feu sacré. Mais c'est aux poudres qu'ils ont mis le feu, ravivant leur buisson ardent pop pour mieux s'en faire du combustible. Si le dernier album en date de Foals s'intitule What went down, ce n'est sûrement pas du prophète redescendu de la montagne dont il s'agit.

Poussant les Dieux pop du coude et avec eux, les codes en vigueurs, tables de la loi fracassées, c'est une trajectoire ascensionnelle, de plus en plus ambitieuse et pour tout dire dévastatrice qu'a emprunté la bande à Yanis Philippakis.
Avec ce son lourd qui prend à la gorge d'entrée sur le morceau titre de l'album, plus rageur et menaçant que jamais, rugissant même (« When I see a man / I see a lion » explose Philippakis), ledzeppelinien par moments (Snake Oil), Foals aurait pu se couler les chevilles dans le béton.

Mais le groupe ne se défait jamais vraiment de ses aspirations au sabbat dansant et au funk tribal. C'est cette perpétuelle oscillation entre le massif et le sophistiqué, l'homme et la machine (et l'animal), la chair et l'esprit, l'esprit et la lettre qui permettent à Foals, au moyen d'une production maximaliste, d'être un groupe total ne succombant pas (encore ?) à la tentation de la musique de pur esprit façon Radiohead.

On avait écrit à propos d'Holy Fire que Foals avait cette capacité rare d'être à la fois premier de la classe et imprenable à la course. Avec leurs semelles de feux, les voilà même capables d'approcher le magma solaire sans se brûler les pattes. SD

Foals
À l'Amphithéâtre 3000 vendredi 26 février


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