La Crème de la crème catalane

Comme il était temps que se réunissent sur disque les garagistes vintage de Limiñanas et leur génial ami bricoleur Pascal Comelade ! Ce fut fait en 2015 avec Traité de Guitarres Triolectiques. Comme il était temps aussi qu'ils montent une dream team catalane sur scène, pour nous montrer leur bric à branque.


« Attention, à jouer au génie, on risque de le devenir ». Ainsi finissions-nous il y a deux ans un article consacré aux Limiñanas, duo garage des environs de Perpignan,  mettant ainsi leur destin dans la bouche de Salvador Dali (Cali, Perpignanais lui aussi,  n'étant pas disponible).

On ne va pas vous dire que les Limiñanas sont devenus les génies pour lesquels leurs disques fiers à bras et désinvoltes, leur j'm'enfoutisme pas vendeur, donnaient l'impression qu'ils se prenaient. Leur étonnant succès US semblait le confirmer, quand en France ils étaient quasi inconnus – cela va changer on vous l'annonce avec la sortie de Malamore en 2016.

Même si dans leur genre, inclassable et incassable, ils sont assez géniaux – ce qui n'est pas tout à fait pareil. À défaut de devenir tout à fait ce génie, Lionel et Marie Limiñana ont eu l'idée – de génie – d'aller à la rencontre (ou peut-être est-ce l'inverse ? Ou peut-être sont ils allés l'un vers l'autre) d'un autre génie Catalan.
Non, toujours pas Cali, mais Pascal Comelade. Catalan casanier comme eux en même temps que, comme eux, increvable voyageur musical, brocanteur esthétique, bavard mutique et enfin, comme eux toujours, alchimiste aux faux airs fumistes car stakhanoviste par plaisir uniquement.

Dick Dale ne vient pas de Bompas

Il était temps que naisse un disque comme Traité de guitarres (sic) tricolectiques (à l'usage des portugaises ensablées). Parenté il y avait entre le lapin garage yéyé diffracté des Limi et la carpe pop désossée de Pascal le grand frère, fruit d'une passion commune pour les instruments vintage, la récup' et le bricolage. Les Limiñanas et Comelade sont de ces musiciens dont les studios ressemblent à la fois à des ateliers de peintres (Comelade est peintre), des salles de jeux pour grands enfants et des dépôts d'encombrants. Et comme dans leur cerveau c'est à peu près le même foutoir, la friction de neurone ne pouvait tourner qu'au feu d'artifice à la moindre étincelle.

Le résultat, entre fuzz et piano jouets, claviers analogiques et guitares amochées, peut paraître schizophrène – mais c'est sans doute parce que comme l'énonce l'un des titres du disque « You're never alone with a schizo » –, bric à branque sonique propre à désensabler les portugaises puisque cela semble être le programme annoncé. Comme la bande-son d'un film de surf expérimental tourné à Bompas, même si Dick Dale n'était pas de Bompas, comme ils le jouent en hommage au Père de la surf music. Un film de récup' tourné avec du matériel imaginaire ou inversement. Par Dali, par exemple. Un génie quoi.

Les Limiñanas & Pascal Comelade
Au Transbordeur vendredi 26 février


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