Savages et indomptables


Voilà un gang qui a su se construire une image. En mode abrasif, noir et peu souriant, Savages ne cherche pas l'adhésion par la caresse, lui préférant une sèche autorité que les photos du groupe - quasiment jamais un sourire, noir & blanc de rigueur, décor minimaliste, noir majeur - imposent d'emblée, avant même toute écoute. En partie shootées à leurs débuts par Hedi Slimane (qu'elles ne connaissaient pas), ces quatre londoniennes ne sont pas qu'esthétique et parachèvent cette construction par un son du même acabit : sombre comme du Joy Division, doté du groove sec d'Au Pairs dont elles partagent le goût pour la ligne de basse hypnotique, elles invoquent en filigrane cette Angleterre du début des années 80 sans laisser planer le moindre doute sur une éventuelle idée de revival.

Savages est bien un groupe du présent, dégageant une tension malsaine, révoltée (le poing de la cover d'Adore Life, leur second effort tout juste paru sur Matador, la cover du Dream Baby Dream de Suicide) et sans concession aucune. La production du disque, aussi glaciale que certaines de leurs interviews (Rock&Folk, si tu nous entends…) est assurée par Johnny Hostile qui n'est autre que le compagnon de Jehnny Beth - la crépusculaire chanteuse - et celui avec qui elle formait auparavant le duo John & Jehn.

Française, ancienne actrice récompensée d'un César du meilleur espoir en 2005, elle affiche une certaine morgue toute britannique au point de rompre avec son pays natal pour former l'un des tandems les plus incisifs du moment avec la guitariste Gemma Thompson, à l'origine du projet né fin 2011 et adopté dès le premier album, Silence Yourself (2013), alors paru sur le bien nommé Pop Noire. Quatre Savages indomptables, et inratables. SB

Savages + Bo Ningen 
À l'Épicerie Moderne samedi 27 février


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