AU CHRD DE LA MIGRATION COMME OEUVRE


« Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère » écrivait Proust. Qu'elle soit littéraire, musicale ou artistique, toute œuvre nous entraîne dans un devenir, une déterritorialisation. L'intérêt d'une œuvre consiste a minima en un déplacement du regard (voir autrement, voir plus intensément, etc.), en une migration du regard pourrait-on dire.

Et c'est justement sur les liens entre l'art contemporain et les migrations humaines que nous invite à nous pencher le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation, avec l'exposition Rêver d'un autre monde. Le centre prend ainsi, sous un angle artistique, un peu de recul vis à vis de l'actualité autour des phénomènes migratoires.

L'idée est louable et l'accrochage réussi : clair, documenté, sobre. On y (re)découvre des œuvres de Barthélémy Toguo, Kim Sooja, Mathieu Pernod... Mais l'exposition ne creuse pas réellement de fil conducteur qui aurait pu aller un peu au-delà du simple rassemblement d'œuvres ayant un rapport direct ou indirect avec les migrations. À défaut d'un autre monde, on rêverait par exemple d'une exposition qui déplierait cette idée esquissée plus haut : toute œuvre est migration. Et à l'inverse : toute migration est œuvre, création, enrichissement du regard. JED

Rêver d'un autre monde
Au CHRD jusqu'au 29 mai 


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La lame à l’œil pour Jérémy Liron