Basquiat ressuscité


Comment évoquer un peintre sans image ? Pierre Ducrozet, écrivain et traducteur, l'a fait en mots. Pour son troisième roman paru au printemps dernier,  Eroica,  Pierre Ducrozet a brossé la vie accélérée de Basquiat,  ce gosse des bas-fonds new-yorkais qui croise Keith Haring, Warhol, Capote ou Madonna. Plus qu'un biopic, ce récit est un regard porté sur cette faune du début des années 80 qui, de l'East Village à Soho, s'est inventé une certaine fureur.

Point d'angélisme sous la plume du jeune écrivain. Plutôt une tendresse absolue pour son protagoniste, une clairvoyance sur ce marché de l'art vorace, sinistrement capitaliste, qui se met en place et perdure encore aujourd'hui. Les modes se font et se défont entre lignes de coke et de critiques plus ou moins cruels. Pierre Ducrozet, dans ce court roman nerveux, trace aussi sa propre route et offre une continuité limpide à ses précédent romans, Requiem pour Lola rouge (2010) et La Vie qu'on voulait (2013),  déjà parcourus par une vitalité parfois désespérée.

À Bron, il sera même question de musique grâce au jazzman David Gonzalez Cambray : le duo formé avec Ducrozet en alternant et surtout en superposant prose et boucles sonores rend hommage à Basquiat, sans jamais tomber dans l'hagiographie. NP

Pierre Ducrozet, Eroica (Grasset, 19€)

Pierre Ducrozet & David Gonzalez Cambray
Au Magic Mirror de la Fête du Livre de Bron le samedi 5 mars à 17h


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Insomniaque