La danse des âmes fêlées

Vader de l'étonnante compagnie Peeping Tom ouvre la nouvelle édition du Festival Sens Dessus Dessous, consacré aux formes chorégraphiques singulières et aux chorégraphes émergents.


Quand l'âme humaine est malade ou fêlée, pour en faire le diagnostic comme pour tenter de la soigner, il est bon de la laisser s'exprimer à travers tous ses modes d'expression possibles, semble nous dire la compagnie franco-belge Peeping Tom. Concomitamment, ou successivement : par l'image (théâtrale, cinématographique ou encore surréaliste), par la parole dramatique, le chant et la musique, le mouvement et la danse.

Vader (premier volet d'une trilogie sur la famille : Père-Mère-Enfants) nous plonge dans la grande salle des pas perdus d'une maison de retraite. Un espace à priori peu glamour que Peeping Tom met en scène comme une sorte de purgatoire, de limbes Lynchiennes, entre la vie et la mort, la fête et le désespoir.
Un fils y traîne littéralement, en début de spectacle, son vieux père qui deviendra dans ces lieux une figure de "patriarche" : tour à tour mythique, moqué, divin, ridicule...

Entre rêve et réalité

Est-il un être d'exception ou un être délirant ? « La pièce joue sur ce fossé grandissant entre la perception et la réalité dans le corps en déclin et le cerveau sénile. Le temps semble ralentir, comme pour s'accorder à la lenteur des gestes ; la parole et la musique deviennent bruit, la vision se trouble, et le monde lui-même semble ne faire sens seulement dans la mesure où il incarne un souvenir ou une projection. Vader explore avec un humour poignant le moment où l'imagination ou la maladie d'un vieil homme menace de faire basculer les réalités du quotidien d'une maison de retraite dans le rêve. » écrivent Gabriela Carrizo et Franck Chartier, qui ont fondé Peeping Tom en 2000.

Découverte à la Maison de la Danse avec À louer, la compagnie scrute à nouveau dans Vader les états intérieurs de ses personnages avec une lucidité grinçante et humoristique. Et surprend toujours par son art de disjoindre la parole et les gestes, de rompre soudain un rythme ou une ambiance. JED

Vader
À la Maison de la Danse jusqu'au 17 mars ; dans le cadre du Festival Sens Dessus Dessous


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