Assoiffés de vie


De la complexité du texte Assoiffés de Wajdi Mouawad, la compagnie le Bruit de la rouille permet de faire une émouvante fable avec un seul élément de décor : un cube à chausse-trappes ; elle est jouée aux Clochards Célestes jusqu'au 18 mars. Sylvain, ado en colère, fou amoureux de Norvège, se perd dans une logorrhée sans fin avant d'être retrouvé noyé, enlacé (mais à qui ?) puis autopsié par Boon, anthropologue judiciaire qui rêvait d'être écrivain.

Où est le vrai ? Où est le faux ? Peu importe. Au plateau, les trois jeunes comédiens — également metteurs en scène — parviennent à faire pleinement exister leurs personnages troublés ; notamment le québécois Alexandre Streicher, sorte de Philippe Léotard sobre, capable par son engagement stupéfiant et ses grands yeux ronds de captiver son auditoire et de ne plus le lâcher.

Quand une longueur s'installe, elle est plus due au texte (le monologue de la jeune fille) qu'à l'interprétation,  astucieusement prolongée par des éléments de costumes et décor — un papier-tissu jouant de transparence et déchirement qui donne une idée concrète de la perdition de ces personnages assoiffés de vie, mais qui meurent de ne plus croire en rien. NP


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