La Femme défendue

Au milieu de la programmation atomisée du festival Reperkusound (au-delà d'un certain degré, entre Flavia Coehlo, Thylacine et Hilight Tribe, on ne peut plus parler d'éclectisme), on a retrouvé La Femme, cette petite frappe de la pop française que l'on aime tant détester.


« Une snare un peu Berlin ». Il y a trois ans, nous évoquions avec enthousiasme la montée en puissance d'une scène pop francophone (Granville, Aline, Pendentif, tout ça) dont La Femme était l'un des leaders naturels. Deux de ses membres livraient au site The Drone une interview qui, en quelques phrases dignes d'un sketch (dont celle précitée qui fait beaucoup rire) dévoilait un ego gros comme le Ritz (et à dire vrai une bêtise, pardon une naïveté guère plus mesurée). On le leur reprocha vivement : leur côte de sympathie chez les initiés plongea tel François Hollande dans un sondage du Figaro.

Soyons honnête. D'une, depuis quand reproche-t-on un peu d'arrogance et de désinvolture à un groupe de rock (de John Lennon aux frères Gallagher, on a vu légèrement pire) ? De deux, Sur la planche, les pensionnaires de Born Bad Records, particulièrement impressionnants en live (se rappeler d'une prestation costumée aux Victoires de la Musique 2014 dont le service public se souviendra longtemps), une fois les micros parasites et autres aimants à phrases de trop éloignés, une fois l'ouvrage remis sur le métier, la bande de jeunes parigo-biarrots en remontre à tout le monde. Il y avait là une fougue à canaliser que le groupe est parfaitement parvenu à maîtriser, un tombereau d'influences qui eut pu gommer toute personnalité — or la leur est très forte,  même si elle se résume en garage-psyché-rock-new-wave et des brouettes.

On avait eu l'impression de ne plus avoir de nouvelles depuis un moment : le groupe avait-il explosé en plein vol ? S'était-il saoulé de « snare un peu Berlin » ? Était-il enfermé dans son dressing ? Non, La Femme était occupée, sous le nom de Mystère — La Femme est Mystère, tout homme vous le dira — à composer un morceau baptisé Me Suive pour le défilé 2015 de Yves Saint-Laurent : c'est un tour de force de plus de 20 minutes.

Mais sans doute aussi bien d'autres choses à venir : comme ce single Sphinx qui annoncera la suite discographique de cette bande à Basile 2.0, dont le flair, comme le snare, n'est plus à démontrer. SD

La Femme
Au Double Mixte dans le cadre du festival Reperkusound le Dimanche 27 mars


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