Le Selfie : Narcisse à la machine


Le selfie, de tous les maux, est accusé : narcissique, symptomatique d'une société individualiste, idiot dans sa forme... À rebours, l'exposition montre quelques utilisations artistiques intéressantes de "l'accusé" : les selfies de résistance au régime chinois de Ai Weiwei, ou le dispositif numérique de Peter Weibel et Matthias Gommel où l'image du visiteur se voit elle-même composée de centaines d'images d'autres visiteurs...

Dans le catalogue de l'exposition, l'historien de l'art Wolfgang Ullrich défend un point de vue original sur le phénomène selfie apparu en 2012 : pourquoi si tard, alors que les appareils numériques ou les vieux polaroids auraient pu aussi bien satisfaire notre narcissisme ? Parce qu'avec la massification des smartphones, il est devenu possible d'envoyer des images de soi instantanément à autrui ou de les afficher sur un réseau social.

Selon Ullrich, le selfie n'a rien d'un autoportrait mais relève surtout d'un nouveau mode de communication où les mots sont remplacés par des images. L'auteur y perçoit un danger : une standardisation des mimiques expressives et des postures sur le modèle notamment des émoticônes. Et un aspect positif : une possibilité de communication transculturelle sans barrières linguistiques.


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Autoportraits au musée des Beaux-Arts : you talkin' to me ?