Les 10 concerts à voir en avril

Sortez vos agendas : voici dix concerts à ne pas manquer ce mois-ci ; du show latino où emmener votre maman à l'indie pop dépressive où s'oublier. Par Stéphane Duchêne & Sébastien Broquet.  


Get Well Soon

Quand il est apparu au monde de la pop chercheuse et bien mise, rayon dandy touche à tout, le Mannheimois Konstantin Gropper évoquait aussi bien Beirut que Radiohead, Arcade Fire que Magnetic Fields. Génie solitaire, il a prouvé par la suite qu'il était capable de partir dans toutes les directions et c'est davantage en mode crooner qu'il nous revient, genre Neil Hannon chevalier teutonique, avec un album LOVE, rempli d'amour (fut-il tordu comme sur le single It's Love) et de tubes à emporter. LOVE en live, on pressent que ça va le faire. 

À l'Épicerie Moderne le samedi 16 avril

Calexico

On l'a souvent dit, Calexico, c'est comme les genêts ou les bêtes à cornes, c'est encore Jean-Louis Murat qui en parle le mieux : « Oui, je vois mieux qui je suis, moi, là, avec Calexico » chantait l'Auvergnat avec façon sur son Viva Calexico circa Mustango (1999). Le duo Joey Burns/John Convertino et sa bande d'arizonards de Tucson, après une splendide tournée avec orchestre symphonique revient en mode indie avec un énième album, Edge of the Sun, plutôt digne successeur du splendide Algiers (2012) qui rayonne comme toujours entre expérimentation, traditions exotiques sauce piquante et pop premier choix. Mais c'est en live, encore une fois qu'on voit mieux qui est Calexico. 

À l'Épicerie Moderne le vendredi 22 avril

Casey

Avec Casey, le hip-hop en français s'est trouvé une voix peu commune, rêche, tranchante, aux textes ciselés sur mesure contant l'époque avec une acuité rare : aucun tabou chez cette jeune femme qui sait évoquer immigration, intégration et société meurtrie sans sombrer dans les clichés. Avec La Rumeur ou Rocé, elle incarne le rap d'aujourd'hui dans toute sa splendeur, dans toute sa noirceur. 

À la MJC Ô Totem le vendredi 22 avril

Yuri Buenaventura

Le colombien s'est fait une spécialité de croiser salsa de son pays natal et chanson, plus ou moins respectable, de sa patrie d'adoption — il vit à Paris depuis le début des 90's, où il s'est intégré très vite dans la vivace scène latino de l'époque gravitant autour de La Java. C'est le grand passeur RKK qui repéra sa cover de Ne me quitte pas de Jacques Brel et initia la reconnaissance mainstream, faisant de celui qui doit son prénom à un cosmonaute une figure aujourd'hui incontournable œuvrant aux frontières de la variété et de la sono mondiale.  

À l'Amphithéâtre de la Cité Internationale, dans le cadre du Printemps de Pérouges, le lundi 25 avril

Nada Surf 

On peut reprocher beaucoup de choses à Nada Surf. D'avoir capitalisé sur un tube, Popular, qui les a mis en orbite pour toujours — mais qui a aussi été le boulet de la suite de leur carrière. D'avoir une fâcheuse tendance à faire plus de reprises que le groupe de bal de votre beau-frère, d'en avoir fait un album et pire d'avoir "couvert" l'Aventurier d'Indochine — preuve qu'avoir étudié au lycée Français de New York peut vous exposer au pire. Mais on n'enlèvera jamais au groupe de Matthew Caws, qui vient de sortir en 2016, son 7e album studio, d'avoir un don sans pareil pour la ritournelle indie pop sans âge (façon Teenage Fanclub), balançant entre power pop et ligne claire ; d'avoir sorti quelques albums bien plus indispensables qu'il n'y paraît (The Weight is a gift, Lucky) ; et de réussir le tour de force de nous faire croire quand on les écoute, qu'on a tous les jours 20 ans. Ce sera le cas en ce soir d'avril. 

À l'Épicerie Moderne le mardi 26 avril

Dhafer Youssef & Dave Holland

Chanteur tunisien, virtuose du oud, Dhafer Youssef partage ici l'affiche avec Dave Holland. Entre celui qui s'inspire des traditions soufies et l'insatiable curieux ayant croisé le chemin de Zakir Hussain, un même élan, un même dialogue s'instaure autour du jazz et des musiques improvisées : les voici réunis pour la première fois en un duo qui promet des étincelles.

Au Musée des Confluences le mardi 26 avril

The Apartments

Depuis le temps que l'on patiente dans cette chambre noire à essayer de déterminer disque après disque, concert après concert, chronique après chronique qui est digne du titre flou de "meilleur groupe du monde que personne ne connaît" (eh oui, ça veut dire quoi "meilleur groupe du monde", c'est qui "personne" et c'est quoi "connaître" mais arrêtez deux secondes de faire vos Michel Onfray). Il suffit du retour de The Apartments à Lyon après 22 ans d'absence (à vue de nez) pour que le titre soit remis en jeu. Génie de la chanson désarmante, prince de la mélancolie australienne, king de l'arrangement cuivré, le grand Peter Milton Walsh, l'un des plus magnifiques losers de la pop mondiale se pointe au Marché Gare en acoustique et en Petit Bulletin Live, juste pour faire plaisir à la diaspora de ses fans. Et croyez-nous, ça n'a pas de prix. 

Au Marché Gare le mardi 26 avril 

Michel Cloup Duo + Matt Elliott

Clou d'un mois d'avril, riche en indie rock... Michel Cloup duo, auteur en 2015 de deux disques toujours empreints de sa colère d'animal blessé : un live à la Gaîté Lyrique (tu parles d'une ironie) et un Ici, Là bas, sur lequel aux commandes de sa guitare barytone et de ses désillusions (une chanson baptisée La Classe ouvrière s'est enfuie), épaulé par la main lourde du batteur Patrice Cartier, Cloup revient dans une veine rageuse qui rappelle les moments les plus punks d'Experience. Un bonheur et un malheur, on ne sait plus trop n'arrivant jamais seul, le concert accueillera aussi un autre habitué des scènes lyonnaises et pas des moindres : le grand Matt Elliott, comique devant l'éternel lui aussi et également Docteur en recherche de midi à quatorze heures. 

Le jeudi 28 avril (lieu à définir, le Sonic où devait se dérouler le concert étant sous le coup d'une fermeture administrative)

Jamika & The Argonauts

Révélée par ses multiples interventions au sein de Zenzile, l'Américaine développe en parallèle un projet plus personnel avec The Argonauts où sa poésie scandée se confronte à un groove décalé concocté en trio, avec un batteur ayant œuvré pour Fred Wesley. After assuré par DJ Twelve (High Tone). 

Au Kraspek Myzik le jeudi 28 avril

Boy, Espoir de Kaloum

Échappé des Espoirs de Coronthie, Mohamed Boy Camara a lancé en 2013 son projet solo pour conter ses expériences personnelles, celles d'un immigré en France venu de Kaloum, en Guinée Conakry. Installé à Lyon, Boy puise dans la culture mandingue les influences faisant de lui l'un des plus intéressants projets de sono mondiale dans la ville.

À 6ème Continent le samedi 30 avril


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L’Art et la matière : Charles Loupot au musée de l'Imprimerie