Classico Calexico

Alternative rock, indie folk, Americana, Tex-Mex, alternative country, post-rock : lorsqu'on jette un œil sur la catégorie musicale dans laquelle l'ami Jean-Christophe Wikipédia classe le dernier album du groupe, Edge of the Sun, voici tout Calexico résumé. Le profane à la recherche de repères ne sera guère plus avancé qu'à la lecture du menu d'un restaurant yucatano-chypriote. Ici, on ne s'étonne plus, on déguste.


Si le nom de scène du duo augmenté Burns/Convertino chevauche la frontière mexico-californienne, s'ils sont physiquement basés à Tucson, Arizona, musicalement, Calexico est partout et nulle part. La relecture live de leurs classiques avec des orchestres symphoniques germaniques réalisée à partir de 2013 ne faisant que souligner l'universalité et les velléités transformistes de cette musique qui, album après album, est de plus en plus fascinante.

Chaque fois l'on a l'impression que Calexico n'apporte rien de nouveau depuis l'ultra-transversal Feast of Wire (2003 quand même) — qui en déroulait, du câble musical, pour le coup. Mais chaque fois on est estomaqué. C'était le cas sur le précédent Algiers, ça l'est encore ici — souvent après plusieurs écoutes — par la finesse de ces approches multiples et cette manière d'onduler entre les genres avec une cohérence esthétique époustouflante. De fait, Calexico fait du Calexico et ça ne ressemble à rien d'autre.

Here, there and everywhere

On pourrait arguer que le timbre traînant de Monsieur Burns y est pour beaucoup, que certains repères harmoniques et rythmiques sont immuables, qu'un mariachi finit toujours par quitter sa sieste pour y aller de son coup de trompette, mais quand (comme sur Edge of the Sun) les invités défilent en rang d'oignons comme à une parade disparate de musique alt-world (Neko Case, Ben Bridwell de Band of Horses, Sam Beam (Iron & Wine), Gaby Moreno, chanteuse guatémaltèque qui ouvrira pour eux à l'Épicerie, le groupe grec Tikam...), il ne s'agit même plus de ça. La patte est dans l'intention primordiale.
« I'm not from here, I'm not from there » chante Joey Burns sur Cumbia Donde, mariachinerie à résonance électro délivrée avec une autre protégée, la chica mestiza Amparo Sanchez, une phrase qui vient résonner avec le « Where do you go when you have nowhere to go ? » lancée d'entrée sur le faussement FM Falling from the sky.

Réponse : tel le cowboy au couchant, partout à la fois du moment qu'il y a un horizon à poursuivre mais à ne jamais atteindre. Calexico cherche sa voie, c'est aussi délicieux que riche, puissent-ils ne jamais trouver que des chemins de traverse.

Calexico + Gaby Moreno
À l'Epicerie Moderne le vendredi 22 avril


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