La préfecture ferme le Sonic pour 15 jours

Sale période pour le Sonic, club rock emblématique de la ville, qui doit fermer pour quinze jours à compter de ce soir suite à un arrêté préfectoral pour tapage nocturne. 


L'histoire sans fin des clubs et bars faisant vivre l'économie nocturne mais victimes de l'incompréhension des services publics vient de se noircir d'une page supplémentaire. C'est le Sonic qui subit ce nouveau chapitre : la préfecture du Rhône lui a signifié ce jeudi 14 avril une fermeture administrative de quinze jours, sans possibilité de recours. Six concerts et soirées sont annulés. Celui très attendu de Michel Cloup et Matt Elliott est déplacé au Transbordeur, au même prix et en soutien au Sonic. Cette date, ironie du sort, fêtait les dix ans de programmation de ce lieu emblématique et fondamental de l'écosystème culturel comme de la vie nocturne lyonnaise. Triste anniversaire. 

La raison ? Le vendredi 29 janvier (soir où jouait DJ SoFa) la police est intervenue après la fermeture du lieu. Stéphane Bony, patron de la péniche amarrée quai des Étroits, raconte : « Ils sont arrivés en mode "on va se payer le Sonic", à 4h15. Le bar était fermé, le personnel faisait le ménage dans la salle vide. Mais il y avait encore quelques personnes sur le pont, on laisse partir les gens au compte-gouttes justement pour éviter le tapage nocturne qui nous était reproché par les voisins. » 
Du côté de la préfecture, on déclare avoir constaté « à 4h30, des éclats de voix de personnes sur le pont, du tapage nocturne et une fermeture tardive » — faits aujourd'hui reprochés dans l'arrêté. La préfecture n'a pas pu nous renseigner sur les raisons de ce contrôle, faisant suite à des plaintes de voisins ou spontané.

10 000 euros de pertes au minimum

Selon Stéphane Bony, tout a débuté par une pétition initiée il y a quelques mois, dont il ne connaît ni l'ampleur (« si ça trouve, il n'y a que deux personnes ») ni les responsables, si ce n'est un voisin irascible connu pour avoir tenu fut un temps « un carnet des incivilités dans le quartier. » Cette pétition a fini par arriver sur le bureau des services de l'écologie urbaine qui sont allés contrôler le lieu. Une fermeture tardive systématique fut alors reprochée au Sonic, avant que l'on ne s'aperçoive que c'était... un problème de réglage de l'heure du contrôleur, comme nous le signifiait le mois dernier George Képénékian, premier adjoint en charge de la Culture.

Cette première alerte entraîna la vigilance accrue des autorités et un premier avertissement, le 8 janvier dernier. Avertissement qui coûte cher aujourd'hui, entraînant automatiquement (après ce second avertissement du 29 janvier) la fermeture du lieu pour quinze jours, jusqu'au 28 avril inclus. Cinq associations se retrouvent le bec dans l'eau pour leurs concerts, cherchant activement des lieux de repli. Le Sonic est contraint d'annuler deux dates produites par ses soins. Tout en engageant des frais : les membres de Saroos, qui devaient jouer demain, sont d'ores et déjà à Lyon et logés à l'hôtel au frais d'un organisateur qui va devoir garder closes ses portes.

« Outre les frais engagés auprès des artistes, d'hébergement ou de transport, ce sont entre 10 000 et 15 000 euros de pertes que nous auront à subir durant ces quinze jours » explique M. Bony, dépité. Pour un club reconnu même à l'étranger (le Guardian l'a encensé), autofinancé à 95%, ne quêtant pas les subventions et gardant une éthique et une exigence de programmation rares, c'est dramatique. « La Mairie essaye de nous aider là-dessus, en vain » dit-il.
M. Képénékian, en congé actuellement, n'a pu nous répondre au sujet de cette fermeture. Mais dans notre édition du 9 mars dernier, il nous déclarait : « On a une grande sympathie pour eux : c'est une équipe qui a mis des billes dans ce projet. J'espère qu'on va trouver le bon compromis, intelligent, pour que ça reparte sans problème. Car il ne s'agissait pas d'une opération mains propres contre le bruit. » Entre la mairie et la préfecture, les violons ne semblent pas tout à fait accordés.

Une pétition sur Internet

Une pétition circule actuellement sur le Net, ayant déjà recueilli 1725 signatures quelques heures après son lancement, signifiant l'attachement que porte les Lyonnais à cette salle. Aucune chance que le préfet Michel Delpuech ne revienne en arrière. Mais si ces réactions pouvaient permettre d'engager enfin un dialogue constructif, afin que l'économie de la nuit soit reconnue à sa juste valeur, qu'un entrepreneur comme le Sonic, qui plus est à forte valeur culturelle ajoutée, puisse être laissé libre de faire son métier à l'instar de ceux œuvrant en journée sans être ainsi obligé de mener son activité avec l'épée de Damoclès d'une fermeture administrative sur la tête, ce serait largement au bénéfice d'une ville qui se veut pôle européen, cité nocturne et phare touristique. Pour l'instant, le signal envoyé est pour le moins négatif.

Concert déplacé

Jeudi 28 : Michel Cloup Duo + Matt Elliott - déplacé au Transbordeur, en soutien au Sonic, au même prix (8€)

Six concerts annulés

Vendredi 15 : Sonic 60's Party #1 - annulé
Samedi 16 : Saroos - annulé
Lundi 18 : Moonshake #5: Drab Majesty + Charnier - annulé
Vendredi 22 : Notte Brigante #4 / Dj Sentiments - ?
Samedi 23 : Club Sonic - annulé
Mercredi 27 : Mrs Magician + X-Ray Vision - la tournée de Mrs Magician est annulée


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