New York : vice et versa


Le théâtre à Lyon vous a paru compassé, dépassé et trépassé, ces dernières semaines (à quelques notables exceptions près : Occident, En courant dormez) ? À nous aussi. Sans prétention, sans moyen, trois jeunes comédiens en sortie d'école (l'Acting studio) donnent vie à des personnages ressuscités et mis en scène par notre ancien collaborateur Christophe Chabert, évoquant là le cinéma américain des 80's.

Soit deux gamins qui, dans un New York aussi galvanisant que déprimant, s'emmerdent et s'inventent des problèmes là où il n'y en a pas (avec les filles, avec l'argent). Construit comme un film avec pré-générique, des actes (malgré un lieu unique : la piaule de l'un d'eux), des changements de rythme prégnants, une bande son (Franck Zappa), Deal with it file à toute allure, fustige la boboïsation qui ne dit pas encore son nom (ah, le concept du brunch !), tacle sévèrement la notion d'héritage et le libéralisme des années Reagan — l'insulte suprême étant de se traiter de Républicain !

Sous le discours de ces ados bien plus au fait du monde qu'ils veulent le faire croire, émergent leurs blessures issues autant de l'intime que du sociétal (une sœur assassinée, la difficulté de se dire qu'on est ensemble et pas dans l'adversité constante). La vente (de drogue, de souvenirs) est un prétexte à tout monnayer et sert in fine à jauger sa côte d'amour. Avec un débit de parole ultra rapide, une gestuelle flippée, les trois comédiens restituent au mieux cette pièce de Christophe Chabert qui, fidèle à lui-même, allie le cérébral à l'émotion, sans quoi ni l'un ni l'autre n'auraient de sens.

Deal with it
Au Petit Jeu de Paume jusqu'à dimanche 24 avril


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