Magali Bonat se confronte à la brûlante actualité


« Ce matin ô mon noyé mort / ô mon échoué sur la plage / Un homme nu à l'exception / De ton unique chaussette rouge / Restée à ton pied droit quand l'autre / Reste crispée dans ton poing gauche » écrit Lancelot Hamelin, retraçant le parcours d'un migrant.

Parce qu'un jour nos enfants nous accuseront de ne pas avoir regardé ce qui se tramait sur notre territoire, parce que le théâtre mourra s'il se cantonne aux salles fermées et dorées, Magali Bonat, comédienne et professeur au Conservatoire d'art dramatique de Lyon a choisi de monter Vraiment un homme à Sangatte, écrit en 2010 et d'une actualité toujours aussi brûlante.

À l'initiative du festival Sens Interdits cet automne, les élèves en dernière année de cycle professionnel en ont donné une version oratorio (récitée, mise en espace et en musique) qu'ils vont reprendre en cette fin avril au CHRD et à la Croix-Rousse. Entre temps, ils auront joué à Calais dans cette — si cruellement nommée — jungle et dans le camp qui ne cesse de croître depuis que celui de Calais a été démantelé pour moitié : Grande Synthe.

Par l'entremise de la fondation Abbé Pierre et d'Emmaüs, Magali Bonat a pu les emmener au contact du réel afin qu'ils interprètent ce spectacle face  aux bénévoles et aux travailleurs sociaux, si nombreux. À destination des migrants, les jeunes artistes ont inventé une fanfare déambulatoire type Kusturica. Tout cela sera filmé par des techniciens dégottés par un autre grand témoin attentif de cette honte française, Laurent Cantet. Quelques images de ce projet ainsi qu'une rencontre avec Lancelot Hamelin prolongeront les prochaines représentations (gratuites ou presque) menées par des comédiens bourrés de talent comme le Conservatoire de Lyon en fait émerger depuis quelques années déjà.

Vraiment un homme à Sangatte
Au théâtre de la Croix-Rousse le vendredi 29 avril et au CHRD le samedi 30 avril


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