Théo & Hugo dans le même bateau : une triste déambulation

de Olivier Ducastel & Jacques Martineau (Fr, 1h37) avec Geoffrey Couët, François Nambot, Mario Fanfani…


La constance appliquée avec laquelle Ducastel & Martineau semblent s'employer à décevoir les spectateurs depuis près de vingt ans force le respect. Le duo avait mis la barre haut avec Jeanne et le Garçon formidable, comédie musicale bariolée de l'âge du sida ; mais depuis, il a eu beau enchaîner les films et les genres cinématographiques (road movie, chronique, comédie, drame intimiste), aucun d'entre eux n'a retrouvé ni l'élégance, ni l'innocence gracieuse de cet opus inaugural.

On fondait des espoirs sur Théo & Hugo…, romance entre jeunes gens ; c'est à nouveau un coup dans l'eau pour nous et une déculottée pour eux.
Justement — voilà peut-être la seule audace du film —, les deux héros du titre font connaissance nuitamment dans une boîte à fesses de la capitale, où ils échangent étreintes et fluides. La séquence est filmée sans fausse pudeur, avec des gros plans sur des kikis décapsulés donc, mais dans une esthétique un peu fauchée, qui est au cinéma de Gaspar Noé ce que Sissi Impératrice de Ernst Marischka est à Ludwig de Visconti.

Ce rigide morceau de bravoure passé, le film sombre dans une triste déambulation prophylactique, une sorte de promenade pédagogique vantant Sida Info Services et les hôpitaux — comme un retour aux téléfilms produits à la fin du XXe siècle par Arte, au temps de la série de courts-métrages L'Amour est à réinventer, sur fond de “C'est beau une ville la nuit”. La maladie existe hélas encore, mais le cinéma a tout de même changé.


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16e édition pour le festival Cinémas du Sud