Varda et ses dames


Seule réalisatrice (ou presque) à avoir accompagné la Nouvelle Vague — qu'elle a même précédée d'une courte pointe avec La Pointe Courte (1955) — Agnès Varda n'est pas le type d'auteure à s'enfermer dans un cinéma genré : ses films parlent de tout le monde, et s'adressent à tout un chacun comme à chacune.

Pour autant, il lui est arrivé de capturer des portraits singuliers de personnages féminins, tels ceux de Cléo et Mona — des francs-tireuses à leur manière, livrées à leur solitude et à leurs angoisses. Par-delà des années, les héroïnes respectives de Cléo de 5 à 7 (1962) et de Sans toi ni loi (1985) partagent errance et incertitude. La première en temps réel et en noir et blanc redoute les résultats d'un examen médical ; la seconde fait la route comme si elle fuyait le spectre hideux de la stabilité, annonciateur de son inéluctable mort.

Deux femmes en mouvement dans des sociétés rigides, deux rôles prodigieux offerts à des comédiennes aussi dissemblables que possibles : la délicate Corinne Marchand campe chignon relevé une Cléo toute entière absorbée par ses tourments intérieurs, quand Sandrine Bonnaire à peine échappée de l'étreinte de Pialat endosse les frasques de Mona la routarde. Dépenaillée, crasseuse, revêche, la jeune femme de 17 ans au moment du tournage impose une présence qui ne souffre aucune discussion. Elle obtiendra un César et le film le Lion d'Or à la Mostra de Venise. Les salles du Grac ont inscrit à leur programme Ciné Collection ce duo bouleversant ; elles n'attendent que votre hommage.

Dans les salles du Grac jusqu'au 30 mai 
www.grac.asso.fr


<< article précédent
Aquarium, la nouvelle gueule d’Atmosphères