La Visita : une idée bancale

de Mauricio López Fernández (Chi/Arg, 1h22) avec Daniela Vega, Rosalinda Ramirez, Claudia Cantero…


Un jour, il faudra expliquer dans les écoles de cinéma que certaines trames ne peuvent plus, ne doivent plus être utilisées : elles ont été usées au-delà de la corde par des auteurs pensant tous, de surcroît, recourir à des ficelles neuves. Quant aux réalisateurs instillant une légère dissonance dans un arc narratif épuisé, comment leur dire qu'un rechapage de fortune ne peut combler ni un déficit d'originalité, ni une absence de tension ?

Mauricio López Fernández en fait partie et La Visita appartient à la cohorte des films reposant sur une idée, hélas bancale. Version longue d'un court qu'il avait tourné en 2010, il raconte le retour du fils maudit à l'occasion de la mort du pater familias — sauf que le fils est devenu une fille (oh, audace suprême !).

À l'ambiance du deuil lestée de non-dits s'ajoutent des séquences de silence contemplatifs et du mutisme intériorisé lourd de sens, porteur d'évocations subtiles. Bref, on ne dit pas grand chose autour de la bière du défunt, on se chamaille un peu entre patrons et domestiques, on ne s'avoue pas les passifs familiaux tout en faisant planer des doutes (alors qu'il n'y en a aucun) sur l'ambiguïté du fiston prodigue. On croirait presque une situation et des personnages d'Almodóvar placés dans un cadre expurgé de toute fantaisie, condamnés à subir la gravité. L'avantage du spectateur, c'est qu'il peut de lui-même se dispenser de cette peine.


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