Iolanta/Perséphone : l'autre fête des lumières

Ce n'est pas le 8 décembre et pourtant, Peter Sellars compose dans cette double mise en scène un véritable poème visuel.


Peter Sellars n'avait plus foulé la scène de l'Opéra de Lyon depuis la création de The Death of Klinghoffer de John Adams en 1991. Il nous revient avec deux opéras : Iolanta de Tchaïkovski et Perséphone de Stravinsky, sur un livret d'André Gide. Même si cette production, créée au Teatro Real de Madrid en 2012 puis jouée au festival d'Aix-en-Provence en 2015, arrive à Lyon précédée d'une certaine réputation que nous confirmons, le travail de Peter Sellars et de James F. Ingalls à la lumière est un petit bijou esthétique.

Le lien entre ces deux ouvrages est celui de la lumière. Iolanta, une jeune fille aveugle qui ignore tout de sa cécité comprend son état au contact de Vaudémont et des mots qu'il prononce. Symbolisme de la lumière également dans Perséphone, qui descend aux enfers régner sur le peuple des ombres et revient sur terre au printemps pour redonner vie à la nature qui « s'abreuve de lumière ».

Sur scène, un décor simple et unique pour les deux opéras : quatre portiques évoquent une porte, une fenêtre ou même un cadre de tableau, mais le véritable décor est l'incroyable jeu de lumière. Peter Sellars peint littéralement l'espace, la scène et les artistes, avec une maîtrise des ombres et des couleurs en constant mouvement, créant une symphonie picturale d'une beauté saisissante.

Dans la fosse, contrairement à ce qui avait été annoncé l'an dernier, ce n'est pas Teodor Currentzis qui tient la baguette mais Martyn Brabbins. Aucun regret à avoir, il sait donner à l'orchestre de l'Opéra de Lyon des couleurs sonores qui s'harmonisent parfaitement avec le tableau scénique. Quant au plateau vocal, s'il n'y a rien à reprocher, c'est surtout le chœur et sa maîtrise de l'opéra qui impressionnent dans Perséphone,  tout autant pour ses qualités vocales que pour son jeu dramatique.


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