Maxime Delcourt : fiers de ne rien faire

De 1968 à 1981, l'Hexagone est parcouru d'un vent libertaire et inventif s'immisçant au cœur de ses chansons et portant les premiers groupes de pop du pays. Le journaliste Maxime Delcourt en conte la génèse dans un livre et lors d'une conférence.


« Il y a des années où l'on a envie de ne rien faire » : cette baseline ultime de Saravah, label pas comme les autres initié par Pierre Barouh, lui-même directeur artistique pas commun, est devenu le titre d'un livre de Maxime Delcourt paru l'an dernier aux excellentes éditions Le Mot et le Reste. Lequel Barouh, du Japon où il passe aujourd'hui une bonne partie de son temps, nous écrivait il ya quelques années : « Depuis mon adolescence, j'ai toujours été imprégné de l'obsession de L'Autre rive (titre d'une chanson inscrite dans l'album Le Pollen), mais je me considère plus promeneur que nomade... »

Cette promenade sur l'autre rive, l'auteur du livre nous y convie au fil des pages contant les petites et la grande Histoire d'un genre, la chanson, qui en France aussi a connu ses chemins de traverse pendant un peu plus de dix ans. Comme dans ce studio prêté justement par Pierre Barouh au génial combo de free-jazz, l'Art Ensemble of Chicago, en 1969 et donnant naissance à cet album indémodable de Brigitte Fontaine, Comme à la radio : elle passait justement par là avec des textes sous le bras et les grava en compagnie des Américains. Lesquels enregistrèrent aussi deux titres fous avec Alfred Panou ; Pierre Barouh, toujours : « On l'a rencontré rue des Abbesses, au flipper du bistro le Saint-Jean faisant face à Saravah, alors que l'Art Ensemble de Chicago s'amusait au studio... Nous avons traversé la rue et quelques heures plus tard, deux titres étaient en boite. »

Durant cette période débutant circa 1968, en pleine utopie politique et sonore, rythmée de textes résolument engagés et/ou poétiques, toute une scène se construit : Brigitte Fontaine & Areski bien sûr, Colette Magny qui fricote avec les Black Panthers, Higelin un temps, Christophe que l'on verra cet été aux Nuits de Fourvière, Alain Kan le premier punk mystérieusement volatilisé en 1990 (dont Christian Eudeline a récemment fait un ouvrage), Thiéfaine et Gainsbourg, Barricade, Catherine Ribeiro, Gérard Manset...

Toute cette période inventive et furtive d'inventions en chansons prenant fin en 1981 avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, que l'on peut aussi écouter sur l'indispensable compilation Mobilisation Générale du label Born Bad Records,  est ici disséquée par Maxime Delcourt. Une époque révolue que l'auteur contera ce mercredi 25 mai, au Périscope ; il y a des soirs où l'on a envie de sortir.

Maxime Delcourt, Il y a des années où l'on a envie de ne rien faire (éd. Le Mot et le Reste)
Conférence au Périscope le mercredi 25 mai à 20h (gratuit)

Mobilisation Générale (Born Bad Records)


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