Dernière danse pour le DV1

C'est par le biais d'un post Facebook que la nouvelle a été annoncée, en fin de semaine dernière : le DV1, ouvert en 2002,  ferme définitivement ses portes. Ce petit club techno,  incontournable dans la ville, profondément attaché à la découverte (de jeunes DJs, de collectifs inconnus qui ont fait là leurs premières armes, de gloires obscures venues de l'autre côté de l'Atlantique) va manquer aux clubbers. Clap de fin le vendredi 10 avril avant, qui sait, de nouvelles aventures, ailleurs. Yvan Damidot, le boss depuis 2012, nous donne le mot de la fin.


Pourquoi cette fermeture ?
Yvan Damidot : Jusqu'à maintenant, on profitait du fait que les trois étages au dessus du club étaient dévolus à une école. Pas de problème de nuisances : ils fermaient le soir avant que l'on ouvre. L'école est partie il y a un an, les propriétaires de l'immeuble ont cherché une nouvelle activité pour la remplacer. Le projet retenu est une auberge de jeunesse, avec près de 160 couchages. D'où notre inquiétude : nous partageons une même activité de nuit, mais eux pour du sommeil et nous pour un club techno. Nous avons pris contact avec ces repreneurs et avons rapidement compris tous les deux que nos activités étaient contradictoires. Plutôt que de perdre en qualité d'accueil et de son, nous avons préféré arrêter. Du coup, ce sont ces mêmes personnes qui vont aussi reprendre le DV1 pour une activité plus adaptée, sans doute un bar à cocktails pour la salle du haut et un bar festif le week-end dans la salle du bas. C'est la raison principale de la fermeture du DV1.

Vous parlez aussi d'un paysage techno qui a changé ?
Je marche sur des œufs... Mais le paysage techno a en effet changé depuis que j'ai repris le DV1. On voit apparaître des événéments qui sont liés de près, ou plutôt de loin, à la techno ; mais dans des salles qui n'ont rien à voir avec nous. Quand Le Sucre et Le Terminal se montent, c'est normal et c'est légitime : ce sont des gens qui ont toujours œuvré pour la techno, c'est la musique qu'ils aiment. Mais d'autres surfent en ce moment sur la vague... Nous restons fiers d'avoir contribué à faire connaître cette musique, sans tomber dans le populisme.

Le futur du DV1 est-il hors les murs ?
On y réfléchit. Ce n'est pas parce que le DV1 s'arrête que l'on ne va plus rien faire... Je baigne depuis 1992 et mon retour d'Angleterre dans ce milieu, cette musique. Là, c'est repos après la fermeture. Ensuite, on verra : si des lieux veulent nous accueillir, ou si on lance un projet totalement nouveau...

Des licenciements ?
Le personnel, si tout va bien, sera en partie reclassé sur le nouveau projet remplaçant le DV1.

Quid des dernières dates programmées ?
Elles reflètent assez bien ce que l'on a fait pendant toutes ces années : avec Paul Birken en live, le jeudi, que l'on fait avec une toute jeune association nommée Capharnaüm,  s'orientant beaucoup vers la décoration et reprenant totalement en main l'esprit des lieux qu'ils investissent le temps d'une soirée. La dernière date, le vendredi, ce sera avec une association que l'on accueille depuis longtemps : Tapage Nocturne. On a donné leur chance à pas mal d'organisations à Lyon, d'artistes aussi. Cette dernière semaine reflète l'envie qui était la nôtre d'inviter des gens solides comme des choses plus neuves. On a tous fait les choses avec cœur.

Un souvenir ?
J'ai été très content des soirées I Am consacrées aux grosses pointures américaines. On a fait de très belles rencontres, je me souviens de Chez Damier, resté jusqu'au bout de la nuit après son set, faisant des hugs à tout le monde, assis sur le caisson de basse, avant de reprendre les platines pendant que l'on faisait le ménage pour nous encourager et nous faire écouter un nouveau son qu'il venait de composer.

Dernière soirée Tapage Nocturne au DV1 le vendredi 10 juin, avec Keepsakes, Roy Shifter et Jibis


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