Brain Damage, back to the roots

Brain Damage, qui dévoile chaque vendredi un épisode sa Web-série Walk the Walk sur le site du Petit Bulletin, est également à l'affiche du festival 6e Continent. 


La thèse vaut la peine de s'y attarder : ce serait en reculant que l'on avance. Deux des groupes les plus intéressants de la scène dub apparue dans nos contrées au mitan des années 90 ont continué de passionner en se retournant vers le passé plutôt qu'en poursuivant une quête éperdue du nouveau son, d'essayer de coller aux tendances. Inventant largement à ses débuts, Zenzile à Angers s'est retourné au moment où ce dub en live périclitait, vers un post-punk à la PIL pour se ressourcer. Brain Damage a fini par faire de même, de manière assez radicale avec son dernier disque paru l'an dernier sur Jarring Effects : une plongée en apnée dans les seventies et le reggae roots, avec une idée derrière le crâne dépourvu de dreadlocks de Martin Nathan, la tête pensante et agissante : convier de légendaires voix du genre à venir écrire puis conter au micro leur jeunesse, autour des thèmes de la transmission et de l'éducation.

C'est Sam Clayton Jr, ingénieur du son pour Toots & the Maytals et Steel Pulse, qui s'est mis aux manettes et a servi de guide dans la foisonnante jungle des musiciens de Kingston. Mi-Stéphanois mi-yardie, l'homme a noué depuis longtemps des liens d'amitié avec Brain Damage et s'est investit totalement dans le projet : « Sam est un personnage fascinant, au parcours atypique. Jamaïcain, il est le fils de Brother Samuel Clayton, qui pris la direction en 1976 des Mystic Revelation of Rastafari, au départ de Count Ossie. Après avoir longuement vécu à New York, il s'est installé en France, où nous nous sommes rencontrés il y a une quinzaine d'années. C'est un ami depuis. » 

Au point qu'un Ras Michael, rare voix de Son of Negus, a pour la première fois officié en featuring loin de son projet personnel : « Si, tout en l'appréciant et en le respectant, le nyabinghi n'est pas ce qui m'a le plus marqué dans l'histoire de la musique jamaïcaine, le fait de travailler avec un personnage de la trempe de Ras Michael est un immense privilège. Le spoken word, que l'on retrouve sur le morceau Love makes the world go round, est juste incroyable. »

C'est dire la valeur de ce Walk the Walk, album accueillant également Horace Andy, Kiddus I, Willi Williams et Winston McAnuff. Disque pétri de respect pour ces fondateurs, empreint d'une réelle fidélité au son 70's, enregistré au sein du mythique studio Harry J. Parfois, il est bon de reculer.


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