Mathurin Bolze, l'utopiste appliqué

Il a la tête en l'air et les pieds sur terre. À l'occasion du festival UtoPistes et de sa présence aux Nuits de Fourvière, le trampoliniste Mathurin Bolze raconte son métier récemment vilipendé et son bonheur de générer des collaborations artistiques.


Il a pratiqué le théâtre et surtout la gym à haute dose, avant de filer au Centre national des arts du cirque à Chalôns-en-Champagne. Rapidement, en 2001, Mathurin Bolze fonde la compagnie mpta et, à l'occasion d'une commande de La Brêche, le pôle national des arts du cirque de Cherbourg, il invente La Cabane aux fenêtres. Cette forme courte de 15 minutes va grandir, se nommer Fenêtres.

Quinze ans plus tard, il donne cette création à Karim Messaoudi, rencontré lors d'un stage de formation, et dédouble le rôle dans une autre pièce qui prend directement le nom — mais au pluriel — du roman d'Italo Calvino qui l'a inspiré précedemment, Barons perchés. En duo, il défie le sol et s'entiche du volume.

Bien avant que Yoann Bourgeois n'emmène le trampoline dans tous les théâtres, Bolze choisit cet agrès pour les propriétés ludiques et aussi « parce que c'est un sol aux propriétés particulières. On peut le banaliser en le cachant dans un décor. Et dès lors, l'on peut rentrer dans une poétique ».

« Bousculer la morale de la gravité »

Et tout cela ne serait pas un métier, ne mériterait pas de formation comme l'avait cruellement supposé Laurent Wauquiez alors en quête de son Graal en décembre ? « Il faut du temps pour créer, rappelle Mathurin Bolze. Penser que c'est fantaisiste est très violent à entendre, ça fait sourire aussi. C'est un métier qui s'appuie sur des savoir-faire, sur un savoir-être porteurs de valeurs et de sens. Qu'on ne se trompe pas : ce ne sont pas des paroles. Ce sont des actes. Il faut avoir confiance en l'autre au point de le propulser aussi haut qu'il puisse se tuer en tombant  et ça arrive les accidents, parce que l'on manque de moyens, les gens répètent dans des granges au lieu de gymnases » dit-il,  pointant l'absence de lieu de travail en Rhône-Alpes, hors le centre de Bourg-Saint-Andéol et l'école de Ménival de Lyon « qui fait un boulot formidable dans des locaux exigus, en refusant 600 personnes chaque année ».

Alors voilà, Mathurin Bolze fait son métier, croise les artistes (ah la merveille Nuage, gratuite, sur le parvis des Célestins avec Tharaud et Bourgeois en 2013 !) et propose une savoureuse 3e édition d'UtoPistes, un qualificatif qu'il fait réel.

Festival UtoPistes
Aux Célestins, TNG... jusqu'au 11 juin

Fenêtres + Barons perchés
Au Lycée Saint-Just les 9, 10 et 11 juin


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