Un power trio français qui mêle la transe du krautrock à la lourdeur du black metal, pour en faire une virée psychédélique et méditative : assurément, Aluk Todolo fascine.
Aluk Todolo présente tous les atours d'un groupe de black metal classique. Mais assister à l'un de leurs concerts ou écouter leur dernier album paru cette année, Voix (un nom de baptème anachronique pour un groupe instrumental, non ?), provoque des sensations bien plus denses. Pas que le black metal soit dénué de sensations, bien sûr... Mais ce power trio est au delà d'un genre et invente en défrichant à coups de déflagrations son propre chemin.
Bien sûr, les références à l'occultisme et l'ésotérisme sont présentes (leur nom vient d'un culte animiste d'Indonésie, leur symbole est le A de l'alphabet Hénokéen — un langage utilisé par deux alchimistes anglais au 16e siècle) mais pas seulement : c'est à une grande transe noise que nous sommes ici convoqués.
Il y a aussi du Glenn Branca dans l'utilisation de la guitare, à laquelle est reliée le seul effet de lumière sur scène : une ampoule vibrant selon l'intensité des riffs, provoquant d'autant plus l'impression d'une messe noire sur fond de motifs répétitifs est en cours ; le krautrock façon Neu! ou Can n'est jamais loin, provoquant un état catatonique, profondément méditatif, avec un son qui pourtant n'a rien de "reposant" ou "d'évanescent".
C'est la force d'Aluk Todolo d'utiliser des éléments d'une musique (le metal, filiation Black Sabbath) pour les transposer dans un autre espace-temps, plus fractal, distordu, où certains titres peuvent durer 45 minutes, comme sur ce dernier opus tout juste paru. Le batteur Antoine Hadjioannou et son acolyte Matthieu Canaguier à la basse concoctent en tandem cette transe lourde, percutée par une sorte de trip psychédélique en plein Gotham City que cisèle le guitariste Shantidas Riedacker. C'est innattendu, puissant et surtout, très addictif.
Aluk Todolo + Neige Morte + Sum of R
Au Périscope le dimanche 19 juin