Temples : du soleil

Quatuor de poupées psychés piquées de mysticisme et touchées par la grâce, Temples s'affirme comme les têtes (et quelles têtes !) de gondole du rayon lysergique de la grande épicerie indie rock. Au point qu'il se pourrait fort bien qu'avec leur Sun Structures, le soleil ne se couche pas sur Musiques en stock. 

 


Si l'on peut considérer qu'à notre époque un groupe psychédélique peut en cacher un autre, c'est doublement vrai en ce qui concerne Temples. Le groupe de James Edwards Bagshaw a tendance à boucher capillairement la vue vers la concurrence. Reste que ce serait un peu court – même si c'est long et touffu – car c'est surtout dans le domaine musical que Temples bouche la vue vers,  et à, la concurrence. Au point de taper dans l'œil de Noël Gallagher — qui même dans ses rêves les plus fous n'a jamais pu approcher ne serait-ce qu'à un cheveu d'un tel sens du psyché — et même de Johnny Marr, ancien artificier à manche des Smiths, Robert Wyatt ou les Stones.

Nés au succès par l'opération du Saint-Esprit (comprendre le Dieu Internet, multiplicateur des fans de leur première composition authentifiée, Shelter Song), les quatre garçons dans le vent de Kettering, férus de mysticisme, ont su le préserver par un sens de la composition et de l'arrangement (ces cordes !) qu'on ne retrouve guère aujourd'hui dans leur génération que chez un Jacco Gardner.

Et par un sens du rappel à la nostalgie (cette voix qui évoque tantôt John Lennon dans ses moments les plus inspirés que le Marc Bolan de Tyrannosaurus Rex) sans jamais succomber totalement au passéisme, investissant jusqu'à la dernière goutte de sueur toute la volonté et le talent qui est le leur pour aboutir à l'album parfait, Sun Structures, enregistré dans la chambre de James mais qui sonne comme une nuit à Abbey Road. Un album sur lequel rien ne dépasse ni n'aurait pu entrer en plus, où tout semble être à sa place dans une joyeuse foison (toison?). Le coiffé-décoiffé version musicale en quelque sorte. 

Temples
Le jeudi 30 juin

Toujours en stock

Primal Scream, pour lequel Temples ouvrait en son temps en terre anglaise, ayant dû annuler sa prestation la mort dans l'âme (des organisateurs surtout), le groupe de Bobby Gillespie se trouve remplacé numériquement et plutôt avantageusement par Band of Skulls. La programmation du meilleur festival gratuit du Grand Sud-Est est à la hauteur des montagnes qui l'entourent : proposant cet illuminé de Ty Segall en présence de ses noms moins fêlés Muggers, le teuton Konstantin Gropper alias Get Well Soon, genre de Divine Comedy d'outre-Rhin, le soul man tardif Charles Bradley et ses Extraordinaires, comme ça c'est clair, Keren Ann, le caméléon australien Ry X (impossible d'être passé à côté de son Berlin, qu'on entend partout) ou les très perchés Ulrika Spacek diplômés de l'école du Massacre (Brian Jonestown). 

Musiques en stock
À Cluses du 30 juin au 2 juillet


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