Trois questions à... Jean-Luc Gaget

Scénariste de L'Effet aquatique, mais aussi des films précédents de Sólveig Anspach, Jean-Luc Gaget a accompagné tout le film jusqu'à son montage après le décès de la réalisatrice, le 7 août 2015.


Pourquoi avoir choisi des personnages de maîtres-nageurs ?
Avec Sólveig, on était allés voir Deep End de Jerzy Skolimowski et on avait adoré — on en était raides dingues ! En sortant, on s'est dit : « on va écrire un film qui se passera dans une piscine », et c'est parti de là. Dans le film précédent, Queen of Montreuil, le personnage d'Agathe faisait du documentaire — mais ça ne marchait pas fort, donc elle pouvait très bien devenir maître-nageur (rires). Et sans Deep End, elle aurait pu travailler dans un supermarché. En plus, une piscine, ça peut être très glauque… Mais Sólveig, avec la chef-opératrice Isabelle Razavet, a rendu ce lieu super sensuel, acidulé. Ça amène beaucoup de poésie.

Teniez-vous à conclure par un happy end votre trilogie ?
C'est un suite sans être une suite : on a repris les personnages de Back Soon et de Queen of Montreuil, mais on n'a pas besoin de voir les deux autres. C'est parce que l'on a coupé une scène où Samir et Agathe se croisaient dans la première version de Queen of Montreuil que ce film a été possible. Quant au happy end, oui : dès l'écriture, le but était de boucler la boucle de la trilogie en emmenant le spectateur dans l'atmosphère d'une comédie romantique. Et une comédie romantique qui se termine mal, c'est bizarre ! (sourire)

Sólveig Anspach est décédée pendant le montage. Comment avez-vous vécu l'achèvement du film, puis ses premières projections ?
Solveig avait travaillé sur les deux-tiers du montage. On l'a terminé avec sa monteuse, l'équipe et notre producteur Patrick Sobelman en septembre. Déjà que le film avait été difficile à monter :  nous n'avons même pas eu l'avance sur recettes et seulement 27 jours de tournage en deux phases (10 jours en octobre en piscine à Montreuil, puis 17 jours en mai en Islande). Alors ensuite, le fait d'aller à Cannes dans la Quinzaine des Réalisateurs a été extraordinaire pour le film, pour nous. C'était une sorte d'apothéose par rapport à notre aventure avec Sólveig. On ne voulait pas que le film sorte entre deux portes. La projection a été émouvante, et l'on a remporté le prix de la SACD. C'est ce que l'on appelle avoir les planètes qui s'alignent…


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"L’Effet aquatique" : romance comique en Islande