Tame Impala, le psychédélisme évaporé

Où est donc passé ce fleuron du psychédélisme que fut Tame Impala à ses débuts ? On dirait que ces sautillantes antilopes se sont perdues dans la marée mainstream et une volonté forcenée de synthèse du tout synthétique.


Difficile d'évoquer le groupe australien Tame Impala sans citer la définition qu'en fait son grand gourou Kevin Parker, adoubé par la sphère musicale comme un messie des antipodes : « a steady flowing psychedelic groove rock band that emphasizes dream-like melody. » Voilà typiquement le genre de déclarations fourre-tout dont se servent les messies pour brouiller les pistes et nous embarquer dans leur sillage, laissant la porte ouverte à toutes les dérives.

Là se pose la question qui taraude depuis longtemps : d'où vient que les groupes à guitares les plus inspirés finissent souvent par tomber dans leur propre piège synthétique ? Soyons honnête, Julian Casablancas (Strokes) découvrant Daft Punk, c'est le chimpanzé devant le monolithe noir de 2001, l'Odyssée de l'espace. Il sent qu'il y a un truc à faire avec ça, mais d'une il ne sait pas quoi, de deux, il a l'intuition que plus rien ne sera jamais pareil.

Robinetterie

Certes, on reconnaissait la semaine dernière que ce genre de basculement peut être sacrément réussi ; mais le contre-exemple vaut exception à la règle. Or s'il y a un groupe symptomatique de cette tendance, c'est bien Tame Impala, pépite aurifère d'un psychédélisme aussie en tout point fascinant et marqué du double sceau ubiquité-authenticité.

Pour Currents, dernière galette du groupe, Parker qui n'aurait jamais caché ses penchants pour l'électro, voulait réaliser un album au croisement de Todd Rundgren et Britney Spears. On ne sait pas où se situe ce croisement mais il semblerait que Todd n'y soit pas passé prendre Britney, et qu'un Mark Ronson ou n'importe quel pop r'n'biste trendy s'y soit collé, bien calé dans un charter pour les charts.

C'est l'idée, très rétro-80's instillée par des Pharrell Williams, que la meilleure chose qui puisse arriver à un morceau pop indé soit d'être confiée aux bons soins bâtisseurs de robinets à pop ou, dans le cas de Parker, de les imiter juste parce qu'il le peut. Il va falloir qu'elle passe son chemin, cette idée. Car même à pouvoir marcher dessus, comme Kevin Parker, tout ce qui coule de ce robinet, c'est de l'eau tiède.

Tame Impala + Mac Demarco
Au Théâtre Antique de Fourvière le lundi 4 juillet


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