Gerland : au stade du changement

Monument historique, le stade de Gerland est en pleine mutation. Dans les dix ans qui viennent, cette œuvre de Tony Garnier va devoir se reconfigurer à la taille de son nouveau locataire : le LOU rugby. Et si le ballon ovale ne vous inspire pas, visitez les travées de cette enceinte.


Il en a fallu du temps pour édifier ce stade ! Commandé par la Ville en même temps que les abattoirs (l'actuelle Halle) pour l'exposition internationale de 1914, les travaux commencés en 1913 cessent rapidement pour cause de Grande Guerre. Il ne sera inauguré qu'en 1926, terminé à l'aide des prisonniers de guerre allemands. Inspiré des grandes formes de l'architecture antique, le stade est composé de quatre grandes arches sur chacune de ses quatre faces en forme d'arc de triomphe. Il s'insère dans un site comprenant, comme sous l'Antiquité, des pistes d'athlétisme et de courses cyclistes, des terrains de tennis, un stade nautique et un institut d'éducation physique — nous, en période "hygiéniste".

Good gone

D'une capacité initiale de 3000 places, le stade, au gré des divers aménagements (un toit sur les tribunes notamment pour le mondial de foot en 98), a atteint 43 000 sièges, et a eu comme locataire de 1950 à décembre 2015 l'OL. À compter de janvier prochain, c'est le LOU rugby, accédant au Top 14, qui occupera cette pelouse. Des travaux d'adaptation sont prévus dans les dix prochaines années pour atteindre une jauge oscillant entre 15 000 et 24 000 places. Le club de l'ovalie récupère aussi les structures attenantes : à lui de trouver un usage pour la piscine fermée depuis cette année, mais dont les gradins et le plongeoir sont classés. Une destruction parait impossible mais la remettre à flot nécessiterait de gros travaux…

Il a l'autorisation d'accueillir cinq événements non-sportifs de son choix par an. Des concerts sont à prévoir et pourraient faire de l'ombre à la Halle, autre construction phare de Tony Garnier, maitre du béton armé, ou au Parc OL... Enfin, le LOU aura aussi pour mission de se trouver un sponsor qui donnerait son nom au stade. Le naming, une première sur un monument histoirique ? « Mais Tony Garnier était de son époque, rétorquait Gérard Collomb en conférence de presse le 1er juillet dernier. Il a détruit l'hôpital de la Charité pour créer l'hôpital Edouard Herriot. Il était partisan du mouvement » dit-il avec matoiserie. En attendant, le musée urbain du 8e organise de passionnantes visites de cette enceinte très particulière.  

Stade de Gerland
Visites les 7, 8 et 13 juillet (Tél. 04 78 75 16 75 ou www.museeurbaintonygarnier.com)


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