Le temple laïc de Villeurbanne

Inclus dans un projet architectural ambitieux et au service de la population la plus défavorisée, l'hôtel de ville de Villeurbanne, entre les Gratte-ciel et le TNP, est une véritable cathédrale profane.


À l'orée des années 1920, le site actuel des Gratte-ciel n'est qu'une prairie et c'est ici que par la volonté du maire médecin et hygiéniste, Lazare Goujon, se hissent de nouveaux bâtiments destinés à accueillir les ouvriers de la ville industrielle de Villeurbanne. Jusque-là, ils étaient au mieux logés dans le pré-carré de leur patron paternaliste (ce qui incitait les hommes à rester sobres et à ne pas se disperser pour mieux travailler) ou, au pire, dans des taudis. L'édile, lui-même fils d'un père manœuvre dans les usines métallurgiques de Schneider, croit en l'ascension sociale de ses administrés et leur concocte, avec les architectes Robert Giroud et Môrice Leroux, des bâtiments confortables disposant (fait rare à l'époque pour les cols bleus) du tout-à-l'égout, de l'eau courante et de l'électricité. Même s'il n'y a pas encore de douche (mais un robinet), les toilettes ne sont plus sur le palier.

Pour parfaire cet ensemble, le Palais du travail dispose de lieux de réunion pour les syndicats, d'une piscine souterraine (toujours en service et destinée à l'époque à l'épanouissement corporel plus qu'au loisir) et d'un théâtre (le TNP actuel). Et aussi, d'une mairie. La population s'accroissant rapidement (42 000 habitants en 1911, le double vingt ans plus tard), l'hôtel de ville de Grandclément est trop exigu.

Le nouvel édifice, construit entre 1931 et 1933, est imposant avec ses cinquante colonnes cannelées surmontées d'un beffroi de 65 mètres offrant de là-haut ou de ses terrasses une vue somptueuse sur le quartier. L'escalier d'honneur, agrémenté de panneaux en stuc noir lardé de rosé, est aussi monumental. Jusqu'à l'ouverture de la MLIS en 1988, la mairie abritait la médiathèque. Mais, plus curieuse encore est la présence d'un orgue en ces murs de temple civil et laïc. Il sert toujours. Lazare Goujon souhaitait par là concurrencer l'église et apporter un aspect solennel à la cérémonie du mariage pour ceux qui ne souhaitaient (et souhaitent) pas passer devant le curé.

Hôtel de ville de Villeurbanne
Place Lazare-Goujon
Ouverture du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h


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