Faik au sommet

Faik, songwriter folk, a sorti son premier album solo Sharr Mountains en février 2016. Il sera en concert aux Nuits de Fourvière le mercredi 13 juillet. Rencontre avant le jour J.


Rappelle-nous ton parcours,  tes origines ?
Je viens d'Istanbul. Je suis arrivé en France en 2001,  à 20 ans. Mon père est Kosovar, il a migré en Turquie quand il était jeune, et du côté de ma mère, j'ai des origines du Monténégro et d'Italie. Pendant douze ans, j'étais chanteur de Fake Oddity.

Quel effet, de se retrouver seul après cette longue expérience au sein d'un groupe?
J'ai eu l'envie très forte d'un projet solo quand le groupe se terminait. Seul, j'ai effectivement eu peur. J'ai commencé à me poser des questions concernant mon identité, d'où je viens... Tout était lié. J'ai voulu que mon premier album soit vraiment moi à 100%, je souhaitais partager les événements qui m'ont marqué depuis que je me suis séparé de mon groupe. L'événement le plus fort a été cette découverte,  mon retour à mes racines qui restaient floues jusque-là.

Fake Oddity ?
Tous les trois m'ont énormément aidé : un soutien amical mais aussi musical. L'ex bassiste (Mathieu Destailleur) joue encore avec moi sur la plupart des concerts. Je joue en duo sur scène : soit avec Mathieu qui fait de la contrebasse, soit avec la violoncelliste Thùy-Nhi.

Tu as beaucoup voyagé pour partir à la recherche de tes origines ?
Dans cet album, il y a une chanson que j'ai composé juste avant de partir sur les routes. J'imaginais un peu la jeunesse de ma grand-mère qui habitait au Kosovo, j'imaginais à quoi pouvaient ressembler les montagnes de Sharr (NDLR : le nom de l'album) : j'ai pensé à tout ça avant d'y aller. Les autres chansons concernent les rencontres que je fais sur les routes, des gens qui me touchent. J'écris sur eux. Mais cette première chanson... Je ne connaissais aucun membre de ma famille du Kosovo : je raconte que je me sentais petit comme une fourmi, perdue, qui ne savait pas d'où elle venait, ni où elle allait. Je me suis imaginé en petite fourmi qui n'arrive pas à avancer. Cet album est principalement en rapport avec mon voyage au Kosovo, car c'est après ce voyage que j'ai eu le courage de le faire.

Quel a été ton ressenti en jouant dans ce pays d'où est originaire ton père ?
La toute première fois c'était incroyable parce que j'ai joué dans la ville d'où vient mon père, et dont il ne parlait jamais. Le même jour, j'ai découvert la maison dans laquelle il avait grandi, et le soir je jouais en plein centre de la ville, c'était assez incroyable. Ma famille était là, comme si je les connaissais depuis toujours. C'était il y a deux ans, c'était vraiment un moment très fort. Une des chansons qui n'est pas dans le même album mais qui sera certainement dans le prochain parle de cette peur de ne pas être accepté, de savoir si j'allais entrer dans un wonderland  en allant là-bas. Pour moi, le Kosovo est vraiment un wonderland ! Depuis 2014,  j'y suis allé trois fois.

Tu es reconnu dans le milieu musical au Kosovo ?
Oui, en Turquie également. Les journaux nationaux ont publié des articles sur moi. Ça me fait énormément plaisir. Là je viens de rentrer d'une tournée turco-kosovare, j'ai joué à Istanbul, à Prizren dans un festival,  à Prishtina dans un super lieu qui s'appelle Soma. C'est grâce à mon côté "éclectique" au niveau de mes origines : le fait que je sois Turc, Kosovar du côté de mon père et que je vive en France, ce n'est peut-être pas du jamais vu, mais un chanteur folk-pop turco-kosovar qui vient s'installer en France, ça les intéresse beaucoup. Et ça vient aussi du fait que je parle beaucoup du Kosovo dans mon album. Peu de monde veut aller là-bas, les gens ne connaissent pas ce pays, ils pensent encore à la guerre mais pourtant ça fait 16, 17 ans qu'elle est finie. Ils m'ont même proposé d'être un ambassadeur symbolique de la culture du Kosovo ! Mon prochain but, c'est de donner l'énergie et le travail nécessaire pour que ce soit similaire en France.


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