La femme est un homme comme les autres. Il pérore sur ses exploits sexuels ou, au contraire, confie, contrit, son bandage mou ? Elle déballe les montées de lait et l'usage — peu instinctif — de la coupe menstruelle (moon cup pour les intimes).
Stéphanie Jarroux, 37 ans, a embrassé la scène il y a tout juste deux années et plusieurs vies à raconter. Elle ne s'embarrasse pas de fiction. On t'aime comme tu es, c'est elle avec sa verve que l'on imagine avoir animé de nombreuses conférences de rédaction ! Faisant les cents pas sur le plateau, elle commence par remonter à l'enfance, chauve pour elle, avant que ne pousse sa chevelure frisée : « une perruque de Louis XIV. »
Mais, loin d'être issue des siècles passés, Stéphanie Jarroux a les deux pieds bien ancrés dans la réalité contemporaine d'une femme active, mère de trois enfants, qui hait le mercredi, ce jour dédié à sa progéniture que tout le monde lui envie sur le thème « ah t'es en congé ! » Montée de lait intempestive, règles, stérilet, désir, tout y passe parfois sur un mode gore qui vaccinerait même Ludovine de la Rochère de faire des mioches.
C'est quand elle aborde le thème du bio que Stéphanie Jarroux parvient à allier le mieux la drôlerie à un cynisme plus percutant, car plus sociétal. Elle quitte la sphère intime pour fustiger nos promesses plus ou moins sérieuses : « sauver la planète » en portant aux nues agar-agar, kamut et autre denrées alimentaires plus hypes que salvatrices.
Au passage, Mélanie Laurent en prend avec gentillesse et justesse pour son grade. Car, pour survivre à ces rythmes effrénés imposés par la société moderne et ne pas sombrer dans le burn-out (« ou "dépression" pour les pauvres et les femmes » dit-elle avec pertinence), chacun s'invente des concepts (ah, la salutation au soleil !) pour tenter de ne pas perdre ce que Stéphanie Jarroux possède : le plaisir et la joie.
On t'aime comme tu es, de Stéphanie Jarroux
Au Boui Boui jusqu'au samedi 3 septembre à 19h