Tour d'horizon des créations maison

Inchangés depuis des lustres pour la plupart, les directeurs des grandes scènes de Lyon creusent scrupuleusement leur sillon, en montant des textes attendus.


Incroyable ! Christian Schiaretti aura l'honneur d'imaginer le centenaire du TNP en 2020 : en poste depuis 2002, il a été reconduit à la tête de l'établissement jusqu'à fin 2019 ; son contrat arrivait à échéance en décembre. En cette rentrée, il revient, après un Bettencourt Boulevard bancal, à l'auteur qu'il a le mieux transposé à la scène depuis son arrivée : Aimé Césaire. Il reprend Une saison au Congo (du 2 au 10 décembre), créé en 2013 puis signera La Tragédie du roi Christophe (du 19 janvier au 12 février). Dans la première, il avait su organiser clairement la conquête de l'indépendance de ce pays et la chute de son héros pacifiste Lumumba grâce à une alchimie entre sa troupe habituelle du TNP et des comédiens du collectif burkinabé Béneeé. Les mêmes interrogeront une autre période post-coloniale, celle d'Haïti. Une façon surtout de questionner plus globalement le pouvoir occidental et sa suffisance via le chantre de la négritude. Schiaretti envisage de boucler un cycle Césaire avec La Tempête la saison prochaine.

De son côté, Claudia Stavisky aux Célestins (du 15 novembre au 7 décembre) s'attaque à un autre contemporain, Howard Barker et son théâtre dit de la "catastrophe" avec Tableau d'une exécution dans lequel une peintre, en pleine période Renaissance, s'attelle à figurer un massacre plutôt que la gloire de la victoire comme cela lui avait été commandé. Espérons que la mise en scène "tâche" autant que les mots du Britannique.

Cercles (de craie...)

Dans sa saison la plus prometteuse et audacieuse depuis qu'il dirige le théâtre de la Croix-Rousse, Jean Lacornerie cherchera à revenir (du 3 au 12 novembre) aux sources de ce classique qu'est L'Opéra de quat'sous (nouvelle traduction, travail avec des musicologues et équipe de son délicat Tenderland, Émilie Valantin, Florence Pelly...).

Joris Mathieu, à la tête du TNG, créera lui en fin de saison (du 4 au 13 avril) Artefact. Il fait l'hypothèse que les objets finissent par obliger l'homme à les produire à l'infini pour, in fine, le dominer totalement. Si nous avions été peu réceptif à Hikikomori (repris en octobre), qui nous avait tenu trop à distance, les thématiques et les questionnements de ce metteur en scène ne cessent d'éveiller notre curiosité.

Enfin, pour sa dernière année de contrat au Point du Jour, Gwenael Morin réfléchit encore aux textes qui seront matière à son théâtre permanent tout au long de 2017.


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