Les 10 concerts à voir en septembre

La concurrence (ou les confrères) prenant leur temps pour redémarrer la saison en mode diesel, c'est une certaine péniche du quai des Étroits, qui ce mois-ci fait figure de bon élève boulimique, alignant comme des perles les concerts de musique pas comme les autres. Septembre sera (surtout) Sonic ou ne sera pas.


Daniel Romano

Les fans hardcore de l'ancien Daniel Romano ont sans doute eu du mal à reconnaître leur protégé canadien lorsqu'ils ont posé l'oreille sur Mosey, son dernier album, puis constaté qu'il avait troqué le costume de dandy à Stetson – et les chansons crincrin qui allaient avec – pour une veste de jogging. Finie (pour le moment) la country pliant (magnifiquement) le genou devant les figures d'Hank Williams ou Merle Haggard, Romano a ici sorti le couteau suisse musical et donne l'impression de balayer d'un revers de main sa discographie précédente à coups de pop cinématographique, emphatique ou intime, reliant par la grâce du fil invisible d'un songwriting impressionnant Morricone, Dylan, Newman, Hazlewood. Et surtout l'ancien Daniel avec le nouveau, génial dans toutes les configurations.

Au Sonic le mardi 13 septembre

Les Innocents 

S'il ne doit y avoir qu'un point commun entre les Insus et les Innos, à part les deux premières lettres de leur nom et leur come-back simultanément, c'est bien qu'après avoir longtemps fait défaut, on les voit maintenant partout. Concernant le duo JP-Jean-Cri, il n'y pas de quoi se plaindre. Toutes les occasions sont bonnes de revoir ce groupe bien plus important que l'Histoire n'a bien voulu le retenir, et encore capable, contrairement aux Insus, de se renouveler. In-manquable, quoi qu'on en pense.

Au festival Vendanges Musicales à Charnay le vendredi 16 septembre

Les Marinellis 

On a comme déjà entendu ce son frontal, cette voix encastrée dans un mur de son, cet accent qui pointe légèrement dans la brume sonique, ces paroles farfelues. C'est un classique du rock montréalais francophone (pensez Malajube notamment, mais pas que). Leur garage volontiers yé-yé qui peut aussi rappeler les frenchies de Mustang ou nos Rebels de Tijuana, tout autant qu'Antoine et ses Problèmes squattant une compile Nuggets, s'est ainsi vu épingler, et cela vaut médaille, par le très indépendant label Burger Records (The Growlers, The Cosmonaut). Qui plus est sur scène la bande de Cédric Marinelli, ce dernier en tête, ne laisse pas sa part aux chiens de l'entertainement foutraque.

Au Sonic le vendredi 16 septembre

The Younger Lovers 

« Un rocker noir et gay en mission », voici comment certains magazines spécialisés américains qualifient Brontez Purnell. « Et qui veut être écouté » ajoute le webzine Colorlines. C'est ainsi, même si c'est réducteur : on étiquette souvent The Younger Lovers en mode queer-rock. Il faut dire qu'elles ne parlent que du fait d'être gay. Au-delà, c'est un sacré fatras DIY de soul-garage-psyché à faire se déhancher la fameuse Coït Tower de San Francisco (où est installé le groupe). Et effectivement comme pressé d'en découdre avec quelque chose. En mission, quoi.

Au Sonic le samedi 17 septembre

Vaudou Game

C'est le grand retour des nouveaux rois de l'afro funk made in Lyon, munis d'un second opus abouti et doté d'un single averti, tout simplement baptisé Revolution. Riches d'une tournée épique les ayant mené jusqu'au Japon cet été, Vaudou Game, emmené par Peter Solo, ouvre logiquement ce nouveau cycle des soirées Black Atlantic Club.

Au Sucre le samedi 17 septembre

Radio Elvis 

On en a parlé, on en parle, on en reparlera de ces cousins pas si éloignés de Feu ! Chatterton, sans doute fatigués de la comparaison (en même temps, ils n'avaient qu'à pas faire pot commun aux Nuits de Fourvière cet été) et dont le talent littéraro-musical s'est plus que confirmé avec Les Conquêtes, album d'exploration qui recule tous les horizons et que prouve que si les voyages ne forment par toujours la jeunesse, une certaine jeunesse peut former de bien beaux voyages.

Au festival Vendanges Musicales à Charnay le 17 septembre

Pop. 1280 

Ah, ça pour se mettre à la fraîche pépouze, en mode bon esprit, l'esprit vidé de tout ce qui va de travers (L'économie, les attentats, la suppression de l'huile de palme dans la recette du Savane devenu immangeable, tout ce que pense dit, fait et défait Laurent Wauquiez...), il y a mieux que la cyber-pop tendue comme un sarkozyste à la vue d'un burkini. Ah, on aurait pu se laisser tromper par le titre de leur pénultième embardée, Paradise, mais il faudra plutôt se rabattre sur les plus évocateurs Pulse, le dernier, ou The Horror. Quelque part entre Bauhaus au XIXe siècle et la musique de John Carpenter, c'est tout simplement déllicieux, comme courir dans le Lincoln Tunnel depuis New York vers le New Jersey poursuivi par 1280 zombies.

Au Sonic le mardi 20 septembre

Rahzel

Si le beatboxing ne devait être incarné que par un seul homme, ce serait certainement lui : Rahzel, repéré avec The Roots au début des années 90, n'a plus cessé depuis de partager sa technique phénoménale (les featurings allant de Common à Rakim en passant par Ben Harper). Mais c'est live que la performance prend toute son ampleur.

Au Ninkasi dans le cadre de Notorious Festival le mercredi 21 septembre

Usé

La preuve qu'on peut être Usé, sans être vieilli, ni fatigué (non Lionel Jospin n'avait pas raison sur tout, ce fut son plus grand tort que de croire le contraire), c'est Nicolas Belvalette dont la musique peut être, elle, usante, en tout cas, c'est certain, pour ses instruments, ce Chien d'la casse (titre de l'album qui lui a valu adoption par le label Born Bad) qui martyrise ses instruments, en les martelant, essentiellement, pour en tirer la substantifique moelle graisseuse d'une apocalypse nucléaire et musicale sous amphétamines. À moins que ce ne soit la vie de tous les jours qu'il nous dépeigne. À force, on ne sait plus.

Au Sonic le vendredi 23 septembre

The Warlocks

En quasi préambule d'une saison qui annonce quelques événements psychés qui sentent d'ici le pneu brûlé (Suuns, Wooden Shjips), les Warlocks de Bobby Hecksher reviennent juste un peu plus d'un an après leur dernier passage lyonnais, avec cette fois-ci sous le bras une sombre galette toute fraîche intitulée Songs from the Pale Eclipse. Quant à savoir si ça va mieux du côté d'Hecksher après sa trilogie mortifère à bases de crânes, il suffit pour répondre à la question d'écouter le single Lonesome Bulldog (genre de Brian Jonestown Massacre chloroformé ahanant « Nothing to eat, nothing to drink / No one to love / no one to talk to. Just another day as a lonesome bulldog ») et de conclure que ça va mieux mais mal. Allez bonne rentrée !

Au Sonic le lundi 26 septembre


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