Les Démons

de Philippe Lesage (Qué, 1h58) avec Édouard Tremblay-Grenier, Pier-Luc Funk, Pascale Bussières…


Il y a mille et une manières de passer à côté de son film. Pourtant bien parti en agençant une collection de petites tensions diffuses ressenties par un gamin à la lisière de la préadolescence, Philippe Lesage opte pour une méthode radicale — enfin, pour qui possède le goût de se saborder. Il casse sa belle construction toute en subjectivité enfantine pour se focaliser pendant une (trop) longue digression sur un autre personnage, traité avec une froideur si outrancière qu'elle le désigne dès la première image comme l'équivalent du loup-garou.

Et ces petits zooms au ralenti pour nous prévenir de l'imminence d'une abomination dans le hors champ… Ne manque qu'une lumière clignotant dans un coin et un commentaire de l'auteur, du style : « 'tânsion, maôdzit spectsâotseur ; y va-tu s'passer un trzuc pas chrâétieân d'vant tes d'zyeux, lâ ! »

Blague à part, cette rupture de ton aux allures de court-métrage mal greffé démembre Les Démons. On se serait bien passé de cette élucidation triviale dans le réel, et contenté du point de vue d'un enfant, en proie à ses questionnements, ses doutes et ses peurs.


<< article précédent
"War Dogs" : Saddam et Gomorra