The Younger Lovers, missionnaires en lo-fi

Sans retouches et sans barrières, Brontez Purnell et ses Younger Lovers font partie des derniers représentants du lo-fi et du queer-punk californien. Avec des textes crus et une production minimaliste, ils ramènent le rock à ses racines les plus primitives.


De Brontez Purnell, leader noir et gay de The Younger Lovers, on connaissait le côté engagé et revendicateur. On le sait aujourd'hui plus romantique, mais pas moins libre de faire ce qui lui plait. Figure de proue de la scène queer-punk californienne des années 2000, le guitariste chanteur a d'abord officié au sein de Gravy Train ! sous le pseudonyme de Junx avant de lancer, en 2003, son nouveau projet. Trois albums plus tard (Newest Romantic, Rock Flawless, Sugar in my pocket), les trois rockeurs de Younger Lovers ont affirmé leur style, alliant avec tact ce que le rock fait de plus brut et ce qu'il écrit de plus simple : la romance.

À travers ses chansons, Purnell livre à ses fans diverses histoires de cœur. Si ces dernières finissent mal, en général, d'autres sont plus légères, voire triviales. Servie par un power trio qui sait aller à l'essentiel, la discographie des Younger Lovers ferait taper du pied le plus récalcitrant des auditeurs. Mais pour pleinement saisir la musique des californiens, il faut passer outre ce rapprochement avec la pop dansante et contagieuse des Mystery Jets.

Parfois présenté aux États-Unis comme un rockeur noir en mission – surtout depuis qu'il a fait la une des journaux locaux après avoir été victime d'une agression homophobe dans un club de sa ville – Brontez Purnell sait aussi utiliser sa musique pour revendiquer une certaine vision du rock. Soucieux de se rapprocher des racines noires du genre et d'offrir à son public un son plus authentique, le chanteur a décidé d'enregistrer la totalité de ses titres en lo-fi. Résultat ? Même Pete Doherty et The Libertines n'ont jamais sonné aussi brut.  

Dans Poseur, dernier single en date du groupe, on retrouve ce côté brut de décoffrage, aussi bien dans l'instrumentale que dans les paroles pour le moins évocatrices (parfaitement illustrées par le clip vidéo). Mais ce qui rattache le plus la musique des Younger Lovers au son Motown, c'est incontestablement la voix de Brontez Purnell. Tantôt douce, souvent cassée, elle n'est pas sans rappeler celle d'un certain Kele Okereke, leader charismatique de Block Party. Haut perchée dans les aiguës, elle danse parfaitement avec la basse et les deux savent bien souvent se répondre intelligemment, comme sur le titre phare du dernier album, Get up, Get up.

Avec James Gutierrez et Thelonius Rabin à ses côtés, Brontez Purnell n'a pas prévu de dévier de sa ligne de conduite d'un centimètre. Au contraire. Au delà de la musique, Junx est à la tête de sa propre compagnie de danse (AirSPACE) et s'essaye également à l'écriture. Un esprit bouillonnant, prêt à faire danser l'Europe entière tout au long de la tournée des Younger Lovers qui passe par le Sonic ce week-end.

The Younger Lovers + Avions
Au Sonic le samedi 17 septembre

 


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