La rentrée en chantant

Un an que la petite salle des pentes dédiée à la chanson française a changé de tête : désormais dirigée par le tandem Lucas Roullet-Marchand et Matthias Bouffay, À Thou Bout d'Chant persévère en cette rentrée dans son travail de défrichage des nouvelles scènes.


À Thou Bout d'Chant a changé de direction il y a un an. Quel bilan tirez-vous de cette nouvelle aventure ?
Matthias Bouffay : Le bilan est très bon sur différents aspects. La fréquentation du lieu a été au dessus de nos attentes, avec un taux de remplissage de 65% sur l'année et beaucoup de concerts complets. Cela a redonné une dynamique très positive au lieu. Nous avons senti un véritable élan de la part du public et des artistes autour de la reprise de la salle. Les gens nous ont beaucoup soutenu dans ce projet et certains artistes, comme Anne Sylvestre, ont voulu nous aider en venant exceptionnellement jouer chez nous. Tout cela a véritablement décuplé l'énergie pour ce projet. Enfin, nous sommes heureux de l'image de la chanson française que nous renvoyons à travers notre programmation et la manière dont nous en parlons. Nous essayons de dépoussiérer ce terme de "chanson" qui renvoie généralement à des artistes en noir et blanc jouant dans des vieux cabarets, en recevant des artistes, et donc des publics, aux univers très différents.

Quelle est la ligne artistique défendue ?
Depuis sa création en 2001, À Thou Bout d'Chant met en avant des chanteurs dont les textes sont en français. Nous avons bien évidemment gardé cette particularité et le fil conducteur de la programmation est toujours la langue française. Mais nous voulons créer des passerelles entre tous les styles qui existent au sein de cette chanson. De la chanson traditionnelle en passant par le rap, le folk, l'électro, le rock… Le français n'est pas la langue d'un seul style musical ! Nous ne sommes limités que par la taille de la salle (une petite cave en pierre de 80 places) et par la taille de la scène.

Comment s'annonce la nouvelle saison ?
Nous espérons faire au moins aussi bien que la saison dernière en terme de public et nous sommes heureux car nous avons pu, sur notre première partie de saison (de septembre à décembre) avoir une programmation très éclectique ainsi que beaucoup de groupes ou d'artistes découverte locaux (généralement les jeudis) mêlés à des têtes d'affiches, des artistes à la renommée plus importante.

Dans les moments importants de cette première partie de saison, on peut noter le retour de deux grands artistes que sont Agnès Bihl (11 et 12 novembre) et Manu Galure (16 et 17 décembre) ainsi que la venue exceptionnelle de Karimouche qui sera présente trois soirs (1er, 2 et 3 décembre) pour clore sa tournée Action et profiter du lieu pour une carte blanche avec de nombreux invités.

Nous pouvons également noter la venue de Guillaume Ledoux, le chanteur du groupe rock Blankass, le 30 septembre et le 1er octobre. Du coté des artistes découvertes à ne pas louper, nous pouvons citer les québécoises Sœurs Boulay (6 octobre), la lyonnaise Pomme (14 et 15 octobre) ainsi que le rappeur Nicolas Séguy (10 novembre) qui n'est autre que le pianiste de Kery James.

Quel état des lieux faites-vous de la chanson française aujourd'hui, dans le pays mais aussi plus spécifiquement à Lyon ?
Pour répondre précisément à cette question, il faut bien distinguer deux choses. Il y a la chanson française qui passe dans les grands médias généralistes, à la télé, sur les grandes radios, dans les très grandes salles… Celle-ci ne va pas bien du tout, tant au niveau qualitatif qu'au niveau quantitatif. Il y a très peu de renouvellement et la qualité sur les nouveaux artistes est rarement au rendez-vous.

Et vous avez la chanson française indépendante, la scène plus ou moins locale, celle qui passe dans des salles moyennes voir petites. Celle-ci est en essor constant. Les artistes de chanson talentueux, il y en a vraiment beaucoup. Aujourd'hui, la chanson française, comme tous les autres styles musicaux, est bien plus riche qu'avant car les jeunes artistes ont une culture musicale bien plus grande dûe à l'accès facilité à des millions de titres grâce à Internet. On entend donc des influences qu'on n'aurait jamais entendues avant, des textes chantés qui flirtent avec le rap ou le slam, des rythmiques bien plus variées…

Nous pensons que la chanson française n'a jamais été aussi intéressante qu'aujourd'hui et qu'elle sera encore plus intéressante demain.


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