Brooklyn Village

de Ira Sachs (E-U, 1h25) avec Theo Taplitz, Michael Barbieri, Greg Kinnear…


La mode est au vintage, et Ira Sachs y succombe à sa façon avec ce simulacre de film indépendant tel qu'on les faisait dans les années quatre-vingt-dix — avec une économie de moyen, une caméra 16mm et une poignée de trentenaires. Sauf qu'ici, ce sont des quinquas, et des ados, lesquels font la tête à leur parents parce que ceux-ci se chamaillent pour de méchantes histoires de sous. Un sujet minimal à périmètre familial, des lumières douces filtrées par le rideau, le son de la rue à peine étouffé… pourquoi pas ? Le souci, c'est que cela se complaît dans une prévisibilité et une désuétude assommantes.

Hésitant à se faire l'épigone de Woody Allen pour les séquences avec les adultes, le Greg Araki ou le Gus Van Sant timoré pour les scènes entre les adolescents, Ira Sachs ne se retrouve finalement nulle part. Bien sûr, Greg Kinnear joue les Droopy avec beaucoup de conviction (il n'a que peu de mérite : sa paupière tombante lui est d'un précieux concours), mais cela ne suffit pas à justifier un Grand Prix à Deauville. Car après tout, ce court-métrage délayé ayant pour titre original Little Men se devrait d'être centré sur les gamins ; las ! il n'assume pas d'épouser pleinement leur point de vue.


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