Un Requiem sacrément lyrique

L'Orchestre National de Lyon et les chœurs de Spirito, sous la baguette de Leonard Slatkin, s'attaquent à un Everest musical. Le Requiem de Verdi se prend par la face nord, il faut le dompter puis lâcher prise pour enfin se trouver face à son immensité.


Un Requiem est une œuvre strictement religieuse… sauf chez Verdi. Celui de Mozart ? D'une spiritualité sans nom ; Celui de Fauré ? Une leçon de zénitude absolue face à la mort ; Celui de Campra ? Lumineux ! Quid du Requiem de Verdi ? Un ovni musical, une pièce en tout point étrangère aux codes habituels. Celui-là ressemble à s'y méprendre à un opéra, à un oratorio lyrique, bourré de contrastes saisissants, de mélodies enivrantes d'où jaillissent colères excessives, consolations des plus belles, suavité folle et grande spiritualité.

Rappelons-nous la phrase choc du chef d'orchestre allemand Hans von Bülow qui, au XIVe siècle, reprochait à l'œuvre de Verdi d'être « un opéra en habits ecclésiastiques. » Oui, à n'en pas douter, Verdi écrit là un immense opéra sacré.

Décortiquons l'insondable

L'œuvre est écrite en 1868 pour la mort de Rossini, mais Verdi devait travailler avec d'autres musiciens et ce fut un échec cuisant. Le désir était là de composer une messe dans son entier, Verdi s'y attela, elle fut finalement créée pour un autre mort : le poète et dramaturge italien Alessandro Manzoni. Sommet de l'art verdien, le Requiem doit son succès à la maitrise sans faille de l'écriture vocale et instrumentale.

On passe de pianissimos quasi irréels qui nous plongent dans des abîmes sans fond à des fortissimos qui ressemblent à la fin du monde. Cette création est organique, physique, et après l'avoir écoutée une seule fois, on est rincé : dans cette partition, il y a l'essence même de toutes nos questions existentielles. Début du Requiem : une lévitation lente et désespérée. Début du Dies Irae : quatre gifles fulgurantes venues de tout l'orchestre. Fin de l'œuvre : Libera me, grande supplique du chœur et de la soliste, roulement de timbales… C'est fini et nous, on repart à l'envers.

Requiem de Verdi
À l'Auditorium de Lyon le vendredi 23 septembre à 20h et le samedi 24 septembre 18h


<< article précédent
Benoît Jacquot fait sa rentrée à Sainte-Foy